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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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25/11/2018

Ces Gilets jaunes qui appellent à la démission d’Emmanuel Macron…

 

Les tenants de la campagne qui s'annonce ainsi avancent le faible pourcentage du corps électoral qui s'est prononcé, l'an dernier, en faveur d'Emmanuel Macron dans le contexte, que chacun a présent à l'esprit, d'un second tour où il s'est agi, avant tout, de barrer la route à Marine Le Pen et au Front national. Peu importe, aux yeux des défenseurs de cette ligne qui avait d'ailleurs trouvé un écho jusqu'au au sein de certains médias, le résultat final d'un vote qui avait installé la légitimité d'un président, hors parti traditionnel, profitant de la division de tous les autres.

Est-il possible et prudent de jouer à ce jeu-là? Macron n'est pas De Gaulle et le général qui tenait, à ses yeux, sa légitimité autant de l'Histoire que du suffrage universel avait choisi de démissionner, en avril 1969, après l'échec du référendum sur la régionalisation dont on ne dira jamais assez qu'il offrait, pourtant, l'opportunité de faire respirer la démocratie française et de permettre à l'Etat de se recentrer sur ses missions régaliennes. Mais cela est une autre histoire... Au fond, soyons certains que beaucoup de ceux qui vont scander "Macron démission" ne seraient pas forcément prêts, si on les consultait sereinement, à brader les institutions de la V° République. Leur slogan fait écho davantage à ce que Alain Touraine déclare dans l'Obs de cette semaine: "aux yeux des gilets jaunes, Macron est devenu l'incarnation d'une élite abhorrée." Point de vue d'un homme connu pour son ancrage à gauche mais qui ose, dans son dernier livre, "défendre la modernité" au nom de l'avenir même d'un pays qu'il faut réussir à inscrire dans un courant ouvert à la mondialisation vers plus de " technologies de science et d'innovation", retrouvant "confiance dans notre capacité à agir rationnellement et démocratiquement." Comprenons que pour y parvenir il faudra absolument réunifier une France qui, dans sa géographie humaine, est poussée vers la division.

Villes contre campagne? Le débat ne date pas d'aujourd'hui; il convient de le traduire façon post XX° siècle par "Métropolisation contre ruralité, profonde ou nouvelle". Les études ne manquent pas, émanant des meilleurs géographes et sociologues qui pointent cette fracture à la française. Nous en avons, hélas, la représentation vivante avec ces gilets jaunes qui retournent aux élites urbaines l'argument de la nécessaire transition énérgétique, semblant ne la jauger qu'au coût de leurs déplacements domicile-travail en bagnole, comme si nous n'étions pas tous concernés par le défi climatique... Alors, soyons certains qu'il ne suffira pas, ce mardi, d'un président nous annonçant la création d'un Haut Conseil pour le climat pour calmer la colère jaune...IL faut d'urgence trouver quelques mesures ou directions à emprunter vers plus de justice sociale et d'équité territoriale, en additionnant toutes les forces vives du pays, celles de l'Etat, des collectivités, des corps intermédiaires car la démission, invraisemblable, d'un président dans un paysage politique désolé n'y changerait pas grand chose.

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