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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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17/05/2015

La réforme du collège: Et si on osait regarder les vrais problèmes en face?

Et, pourtant, serait-on donc incapable d'en débattre sur le mode sérieux, au fond, en partant du réel plutôt que de se jeter à la figure les pires accusations ? Notons, qu'hormis les saillies de meetings de Nicolas Sarkozy qui ne fait rien moins que craindre « pour le génie français », un homme à droite, en profond désaccord avec le projet de réforme de la ministre, apporte des idées au débat. Il s'appelle Bruno Le Maire et avance des propositions qui peuvent le nourrir. Dommage que dans sa quête de leadership, tourné vers les primaires de l'UMP, il ne veuille débattre de la réforme du collège qu'avec le premier ministre. Car, au moins pourraient-ils convenir, la ministre et lui, que la machine à fabriquer de l'échec, puis du chômage c'est bien, pour une bonne part, le collège unique. Une invention, rappelons-le, d'un ministre nommé Haby, sous Giscard, avec l'ambition élevée de démocratiser l'enseignement et de donner aux jeunes, jusqu'à seize ans, un socle commun de connaissances. Quarante ans après, le bilan est plus que médiocre, désolant. Et, trop de jeunes qui abordent au rivage adulte, en sortant du collège, trimbalent avec eux les lacunes qu'ils ont accumulées depuis l'école primaire. Dira-t-on assez, à quel point beaucoup n'ont pas acquis les bases qui leur permettraient, au moins de bifurquer vers une orientation professionnelle? Et l'on s'apprête à déclencher une guerre de tranchées, au prétexte que le latin et le grec auraient du plomb dans l'aile ou que l'on renoncerait, de bonne heure, à l'apprentissage d'une seconde langue ? Tout cela peut se discuter ; ce n'est pas l'essentiel.
Pourrait-on, enfin, considérer que c'est l'ensemble de la scolarité, de la maternelle et du CP jusqu'en troisième qu'il faut remettre à plat ? Le Maire va un peu vite en besogne en souhaitant le regroupement en un seul statut de l'enseignant, de la petite école au collège. Mais, comment lui donner tort quand il évoque la nécessité d'une diversification possible du parcours de l'enfant... Dans un pays où, la main sur le cœur, les gouvernants jurent qu'il faut relancer l'apprentissage qu'attend-on pour apporter des réponses différentes en fonction des aptitudes et désirs révélés des enfants ? Que le mythe de l'égalité parfaite continue à déverser, à la sortie de la troisième, le plus grand nombre des jeunes vers le secondaire et le bac ou à les condamner à d'hypothétiques parcours d'insertion, en attendant de pousser la porte de Pôle Emploi ?

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