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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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15/09/2013

D’une région à l’autre: Quand la Bretagne doute d’elle même

L'édition 2013 a été un franc succès, à mettre au crédit de l'esprit d'entreprise des Bretons qu'incarnait Jean-Michel Lemétayer l'ancien président de la FNSEA et fondateur de ce Salon, emporté par une crise cardiaque au cœur de l'été. Rarement il nous a été donné de constater à quel point un homme pouvait, par son dynamisme propre et sa capacité à anticiper les mutations, donner confiance à l'économie d'une région.

Son absence était, à Rennes, non seulement sur toutes les lèvres mais plus encore elle contribuait au climat de déprime qui affecte, aujourd'hui, l'économie de l'Ouest français. Résumons cela d'une formule : la Bretagne doute d'elle-même. Alors montrée en exemple, de bonne heure, par sa capacité à s'unir pour obtenir les faveurs de l'Etat central - songeons qu'elle a ainsi décroché, avant tout le monde, un réseau routier que d'autres n'ont obtenu qu'en le concédant - et des décentralisations importantes au nom de l'aménagement du territoire. Et, ceci alors même que montait en puissance un secteur agricole et agro-alimentaire largement exportateur.

Aujourd'hui, une très grande incertitude subsiste quant à la pérennité de l'usine PSA de l'agglomération rennaise qui a perdu la moitié de ses emplois en dix ans et continue d'en perdre. Pareille évolution ne peut que frapper les esprits et être ressentie comme la fin d'un cycle, au moment où l'économie agricole et, singulièrement les filières de l'élevage sont en difficulté. La production laitière, moins rémunératrice que les cultures céréalières, reste de haut niveau mais il faut y maintenir un nombre de jeunes important qui peuvent être tentés de franchir le pas; le porc breton est de plus en plus concurrencé par la production de pays comme le Danemark, les Pays Bas ou l'Allemagne et perd des parts de marché; la filière avicole est atteinte par les évolutions de la Politique Agricole Commune et perd des emplois à l'image de la crise qui met en question l'avenir de l'entreprise Doux de Chateaulin....

Plus globalement c'est l'image même de ce « modèle breton », si souvent mis en avant avec lequel les Bretons, sans le renier, aimeraient bien prendre des distances, tant on y a accolé des mots en P comme Pollution ou Productivisme qui caractérisent une économie, à moins qu'ils ne la discréditent. Le président de la FNSEA du Finistère, encore sous le choc de la disparition de Jean-Michel Lemétayer, nous parlait, à la fois, de ce qu'il considère comme l'enclavement d'une partie de son département et de la volonté de la profession de garder le cap. Et d'être en pointe, à titre personnel, en matière de biodiversité, sur la production légumière qui est la sienne à Saint Pol de Léon...Une manière de synthèse: la crainte de l'oubli après avoir été les premiers de la classe mais aussi la volonté de rebond, servie par un potentiel technique et de recherche de grande qualité.

Ce détour par la Bretagne éclaire, par comparaison, sur l'état général, le climat, d'une région comme la nôtre, l'Aquitaine. Malgré le poids du chômage qui n'est pas moindre ici que là-bas on y semble plus optimiste : sans doute parce que les secteurs industriels qui résistent, celui de l'aéronautique en premier lieu, semblent porteurs parce que dans le même temps l'agriculture, résolument orientée vers la production sous signes de qualité, semble tenir ses marchés non sans échapper à de vraies inquiétudes, notamment pour l'élevage laitier. Disons-le aussi parce que l'attractivité de la région ne se dément pas et contribue à donner confiance en l'avenir.

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