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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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24/02/2013

De Barsac au Salon de l’Agriculture, ou comment réussir une manière de consensus politique

A vrai dire, rien de bien surprenant, s'agissant du premier Salon de François Hollande en tant que président mais quand même allait-on supputer ces faits et gestes, chercher quelque improbable filiation corrézienne... Le président qui sait distinguer une vache limousine d'une blonde d'Aquitaine et une pomme Golden d'une Court pendu s'en est sorti avec bonhomie. Un bain de foule, toujours bon à prendre, en ces temps de promesses impossibles à tenir et de guerre lointaine.

Philippe Meynard, le maire de Barsac et président de la CDC, n'a pas, par définition la notoriété du président de la République mais n'a pas, non plus, son pareil pour inventer un événement et faire valoir ses initiatives. C'est de tous les élus masculins d'Aquitaine – il est conseiller régional historiquement Modem - l'indiscutable champion des réseaux sociaux. Un espace, à ses yeux, de démocratie directe où il s'ébat avec délectation et le souci de l'efficacité, consentant à se faire engueuler par ses administrés pour répondre à leurs préoccupations. Il a donc imaginé ce don de poules, mangeuses de déchets alimentaires, à des citoyens qui se sont empressés d'adhérer à son projet. Imaginons, déjà, les repas de gala de nos jolies gallinacées, sous l'oeil attendri des enfants, mais surtout les terribles dilemmes que devront affronter les familles lorsque la poule, fatiguée, renoncera à pondre. Viendra alors le moment où, bien grasse et lourde, son destin devrait la conduire jusqu'à la marmite en fonte, chère au bon roi Henri... Parions, déjà, que Philippe Meynard qui trouvera, à ce sujet, les meilleurs conseils auprès de François Bayrou, saura faire preuve de pédagogie auprès des parents éplorés...

Cette jolie histoire, ce fait de société, qui nous valent des images "sensationnelles" mais délicieusement bucoliques, survient au moment où le président de la République jure, ses grands dieux, dans l'enceinte du Salon de l'Agriculture, que la France s'opposera à l'autorisation que l'Union Européenne vient de donner à l'utilisation des farines animales pour l'aquaculture. Une fermeté de principe qui tombe bien, au moment où l'Europe qui a fermé les yeux sur l'étiquetage des produits alimentaires, la traçabilité, doit parer au plus pressé avec cette affaire de lasagnes frauduleuses.

Le souvenir de ces malheureuses vaches folles est si présent dans l'hexagone, que le président n'a, là au moins, aucun souci à se faire : il réunira le plus large consensus pour affronter cette nouvelle crise européenne...

Et s'il veut élargir, le moment venu, sa majorité, il pourra toujours demander conseil à Philippe Meynard. En attendant, les jardins de l'Elysée sont assez vastes pour accueillir un petit poulailler du côté de l'Avenue Marigny. Le président apprécierait sûrement un œuf coque et quelques mouillettes à son petit déjeuner.

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