icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
19/03/2009

Derrière les manifestations, c’est le pacte social qui est remis en question

François Fillonn’en a pas de nouvelles ; il a rappelé les mesures annoncées après le premier round social et a simplement durci le ton à l’égard du patronat, menaçant de légiférer contre les abus de salaires ou d’avantages si Laurence Parisot n’engageait pas le Medef dans cette voie. A vrai dire, cette menace fait écho directement à ce qui semble être au cœur de ce mouvement social : la montée de l’exaspération populaire contre certaines formes d’injustice.
Injustice face à l’impôt et le premier ministre aura beau affirmer que six millions de français en seront quasiment dispensés des deux tiers, la balance ne semblera jamais égale au moment où les effets du bouclier fiscal se font sentir, de façon spectaculaire, pour les plus hauts revenus. Faire revenir au pays des capitaux qui s’en étaient éloignés ? Certes, mais la crise est là qui accroît le sentiment d’injustice ; ce n’est d’ailleurs pas un hasard si un homme comme Pierre Méhaignerie, issu ne l’oublions des « démocrates sociaux » brave les interdits de l’Elysée etpousse à l’Assemblée un amendement pour taxer les revenus les plus élevés. Au sein de l’UMP le courant centriste retrouve sa différence et tente de la faire prévaloir, y compris avec l’appui de l’opposition. C’est le signe qu’une partie de la majorité au pouvoir commence à nourrir les plus vives inquiétudes face à la situation sociale et à la façon d’en sortir.
Injustice face aux restructurations de quelques entreprises phare qui parfois ne se contentent pas d’ajuster leur capacité de production mais mettent en œuvre des délocalisations dont les conséquences pour l’emploi sont très lourdes.
Nous sommes là, à un moment crucial de notre vie collective et nous n’en avons pas encore pris conscience. Si la France à la différence de ses voisins européens réunit autant de citoyens pour crier leur sentiment d’injustice et une certaine forme d’angoisse de l’avenir, pour l’instant maîtrisée dans son expression, cela signifie que le pacte social français, historiquement toujours fragile, est menacé d’éclatement. C’est le crédit des entreprises dans leur ensemble qui est menacé, c’est celui des gouvernants qui s’érode gravement. Le grand débat idéologique refait surface et il ne faut surtout pas croire qu’il n’est pas susceptible de dérapages. En ces temps de crise, notre pays ne trouve plus de sens ni à l’économie, ni à la politique. Et il ne suffira pas de lui répéter que la crise est mondiale pour l’empêcher de continuer sa marche frondeuse vers des horizons incertains.

Joël Aubert

A lire ! Éditos précédents