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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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07/12/2014

Des robots journalistes? Gardons-les à bonne distance

En l'occurrence, il ne s'agit pas de s'offusquer du poids que prennent les nouvelles technologies de l'information mais d'en faire le meilleur usage... Et, si un robot est capable d'agréger, sans jamais prendre une minute de repos, des informations qui viendront alléger, voire renforcer le travail du journaliste, il faut en connaître le fonctionnement s'en servir, et le garder à la juste distance qui convient de la démarche journalistique.

Car, celle-ci est et doit rester singulière. Qu'on me permette d'emprunter à mon confrère des premières heures, Jean-Claude Guillebaud, cette affirmation citée dans un article récent de la Revue Européenne des médias : « Algorithmes et logiciels peuvent bien se liguer, s'associer et se perfectionner, ils ne pourront jamais rendre compte de cette palpitation étrange – et magnifique- qu'on appelle la vie. »

Palpitation étrange ? Etait-ce cela, au fond, qui nous habitait en ce froid dimanche d'hiver, découvrant le formidable élan de solidarité joyeuse qui animait ces centaines et centaines de citoyens venus au rendez vous d'Emmaüs dans l'enceinte de Darwin à Bordeaux ? Oui, assurément ; une manière de palpitation, le bonheur simple de sentir qu'une belle cause peut être soutenue avec ce que cela implique d'envie, de spontanéité, au lieu et place d'un individualisme si souvent pointé du doigt.

L'oeil et la sensibilité du journaliste ne pourront être remplacés par les mille et une applications de l'intelligence artificielle. Encore faudra-t-il, pour cela, que nous ne cédions pas à un utilitarisme envahissant, à cette sorte «  de dépendance des citoyens » qu'évoque Eric Scherer à «l'égard de tiers incontrôlés qui grandit dangereusement ...des citoyens dont les décisions sont prises à partir d'informations choisies par ces algorithmes, censés savoir ce qu'ils veulent lire, écouter et regarder.... » On comprend donc que la génération Y puisse déclarer : « l'info finira bien par me trouver. » La propension à la traçabilité du citoyen qui par ailleurs est en train de bouleverser la conception du message publicitaire ajoute à la dépendance que décrit Eric Scherer.

Ce constat plaide, plus que jamais, à nos yeux, pour que subsiste une presse indépendante cultivant l'altérité, attentive aux battements de cœur de la vie locale, aux élans de solidarité, aux faits et gestes des gens de pouvoir. Telle est l'ambition que je crois utile de rappeler, ici, au moment où nous faisons appel à la solidarité de nos lecteurs pour pouvoir poursuivre et approfondir notre mission d'information.

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