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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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25/05/2014

Européennes: la réplique du tremblement de terre municipal

Ils savent, plus qu'on ne le pense, que leur destin est inséparable de celui de leurs voisins, que ceux-ci s'appellent Allemands ou Espagnols mais ils ont été entretenus dans un meconnaissance profonde des institutions de l'Union, bien plus que les allemands par exemple. Et, depuis 1979, et les premières élections, leurs représentants, à quelques rares exceptions de parlementaires éclairés, n'ont pas vraiment montré les enjeux d'un nouveau lieu de pouvoir démocratique, face à une Commission européenne souvent omnipotente, tandis que le Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement avait toujours le dernier mot.

La seconde leçon que l'on doit tirer du « séisme » Front National dont on parle, précipitamment, comme si notre pays allait basculer, du jour au lendemain, dans un populisme dévastateur capable d'emporter les digues de notre République, c'est la confirmation spectaculaire de l'effondrement du parti socialiste, observé voilà deux mois, lors des municipales. La réplique absolue du tremblement de terre du 30 mars.

Ses électeurs ne répondent plus et, d'une manière générale, la gauche de gouvernement ne semble plus capable d'offrir une alternative crédible pour sortir le pays de sa stagnation. François Hollande et Manuel Valls ne peuvent pas considérer qu'il suffira de réaffirmer leur ligne «  sociale-libérale » pour s'exonérer des conséquences de cette élection qui les affaiblit très dangereusement. Il ne s'agira pas, simplement, dès le prochain sommet européen, d'appeler nos voisins au secours pour rétablir " la confiance " que le premier ministre appelle des ses voeux.

Enfin, la troisième leçon de ce scrutin qui place le FN en tête du paysage politique national vient de la défaite de l'UMP, concomitante de celle du PS. La proportionnellle favorable au Front National n'explique pas tout. Non seulement, le parti dirigé par Jean-François Copé a semblé plus divisé que jamais sur sa vision de l'avenir de l'Europe mais, plus encore, il a été victime d'un slogan destructeur pour les partis de gouvernement, ce fameux « UMPS » cher au FN. La droite républicaine s'est trop vite bercée d'illusions, au soir des municipales; face à l'impuissance de la gauche elle est, elle-même, de plus en plus discréditée. Et, ne nous le cachons pas : c'est là un vrai et grave danger pour les deux années à venir, c'est à dire celles qui vont précéder la prochaine présidentielle. Un Alain Juppé ne le sous-estime pas et François Bayrou n'a pas tort de parler d'une "décomposition de la vie politique française". La reconstruction ne concerne pas que le PS; l'UMP considérant le réveil, encore modeste du centre, va devoir s'atteler à la tâche.

Le sursaut plus que jamais nécessaire, dans les partis comme au sein de la société civile, doit donc réunir toutes celles et ceux qu'accablent la vision d'une France repliée qu'incarne le FN, et que l'on voit déjà à l'oeuvre, ici et là, dans les villes qu'il a gagnées, lui et ses affidés. La France a besoin de se pencher, de toute urgence, sur les valeurs qui fondent notre République et de rassurer l'Europe en l'interpellant plutôt qu'en la jetant à la poubelle.

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