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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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23/09/2012

Gauche et droite face à la crise: le rendez vous manqué

Le PS qui est revenu aux affaires à la faveur d'une présidentielle victorieuse et d'élections législatives, gagnées haut la main, ne semble pas tendu vers le seul objectif qui devrait être le sien : le soutien par un travail de terrain, humble et pédagogique, de la ligne adoptée par l'Elysée et appliquée par le gouvernement. L'épisode du départ de Martine Aubry et de sa succession par Harlem Désir a semblé tellement opaque qu'il a donné une pale  image d'un parti de gouvernement. Les jeux d'appareil, avant le congrès de Toulouse, viennent la confirmer avec certains ministres qui excellent dans le faux semblant pour évoquer leur soutien à la ligne de François Hollande sur la ratification du traité européen, auquel celui-ci s'est finalement converti... Et voici que l'allié écologiste qui a pourtant reçu de sérieux gages avec l'annonce de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le renoncement aux gaz de schistes et la promesse d'une politique énergétique alternative, fait défection pour soutenir le fameux traité. Imagine-t-on le gouvernement démenti par sa majorité pour ce rendez vous européen aux enjeux considérables ? Encore n'évoque-t-on que pour mémoire les débats internes à propos du cumul des mandats et ceux en cours au sujet du grand projet de l'acte 3 de la décentralisation qui pourrait bien accoucher d'une souris. On objectera que la gauche, retrouvant le pouvoir dix ans après l'avoir quitté, doit trouver ses marques et s'attaquer à des chantiers colossaux, qu'il s' agisse de l'accélération du désendettement du pays, de la relance d'une politique industrielle ou du renouveau de l'école en panne de projet... Sans doute, encore n'a-t-elle que peu de temps pour convaincre et on a du mal à croire que les engagements du président de la République, en premier lieu de ramener le déficit public à 3% l'an prochain, pourront être tenus avec une croissance quasi nulle et sans que l'Etat consente à montrer l'exemple par de nouvelles économies.

Les réformes entreprises semblent marquer du sceau d'un pragmatisme tranquille comme si on attendait des jours meilleurs qui ne viendront pas de sitôt. C'est dans cette approche lente et quelque peu irrésolue du changement que siège le mécontentement de l'opinion à l'égard du tandem Hollande-Ayrault. Ce qu'il faut craindre c'est qu'il n'aille en s'amplifiant au fur et à mesure que la crise s'aggravera.

Le climat politique de cette rentrée est d'autant plus irréel que l'opposition a choisi de se donner en spectacle. L'UMP s'est embarquée dans la désignation d'un président selon un protocole qui n'est pas moins opaque que celui en usage au PS, avec des candidats écartés du jeu, alors qu'ils semblaient pourtant être en mesure de renouveler le discours de l'opposition. L'obsession présidentielle, cinq ans avant la prochaine échéance, est en passe de devenir une des plaies de la V° république. Là où l'état du pays exigerait, à défaut de consensus, un débat de fond et la discussion de politiques alternatives, nous n'observons que médiocres surenchères dictées par l'ambition. Et, pire encore, une manière de course à l'électeur FN qui ne fera que renforcer le Front national lui-même. Il n'est qu'entendre les propos de rentrée de Marine Le Pen pour s'en convaincre. Elle parie sur un possible éclatement de l'UMP mais si celui-ci reste peu probable une droitisation de son électorat est en route, alors que le centre façon Modem ou UDI est inaudible.

La gauche au pouvoir doit donc plus que jamais mesurer l'extraordinaire pari qu'elle prend en déclinant un calendrier de long terme auquel le pays ne semble pas adhérer. Deux ans pour rétablir les comptes et trois ans pour relancer la maison France... Pour se donner une chance d'y parvenir il va lui falloir entreprendre un très grand effort d'explication, revoir son logiciel de gouvernement et aller à la rencontre des Français tout en montrant l'exemple.

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