icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
27/10/2013

Impôt: appelons cela le syndrome breton

Pour prendre la mesure de ce déchaînement, il convient de se rappeler que la Bretagne, à la différence du reste du pays, avait eu la bonne fortune, dans les années fastes du gaullisme et du pompidolisme, de se voir doter d'un réseau routier national aux allures d'autoroutes, sans bourse déliée. Bel avantage qui devait beaucoup à l'union sacrée, élus en tête, d'une région phare de l'économie française, fière de son agriculture, de son secteur agroalimentaire et riche de décentralisations industrielles, notamment dans l'automobile. Cette même Bretagne et son « modèle » sont ébranlés par la crise actuelle, ou plus exactement, par les mutations au sein d'une économie européenne qui, d'un pays à l'autre, n'a pas les mêmes contraintes fiscales et sociales. Et, bien sûr, par les retombées d'une mondialisation qui n'a pas été, dans le secteur automobile, chez PSA notamment, anticipée comme il aurait fallu. La chute de l'emploi dans ce secteur, en Bretagne, est impressionnante.

Dans ce contexte, et quelle que soit l'argumentation mise en avant pour légitimer un nouvel impôt, l'écotaxe, voulu lors du Grenelle de l'Environnement, c'est la réalité du court terme, de la dernière ligne du bilan de l'entreprise qui prévaut. C'était bien joli et prospectif de vouloir faire contribuer les transports de marchandises à la rénovation des infrastructures ou même, en théorie, d'introduire une approche économique nouvelle favorable à la promotion des circuits courts, du producteur au consommateur, au distributeur mais ça ne marche pas... et d'autant moins que le transport sur les autoroutes n'est pas concerné et que les dérogations - une déjà annoncée en Bretagne - ne vont pas manquer. La colère des Bretons vient, au plus mauvais moment pour ce gouvernement, enfoncer le clou de l'impôt de trop. L'écotaxe à la mode bretonne illustre, dangereusement, l'affirmation en manière de dicton : «  trop d'impôt tue l'impôt ».

Il se trouvera plus d'un citoyen, et pas seulement dans la famille écologiste, pour pointer du doigt ces manifestants paysans qui, à leurs yeux, feraient bien de s'interroger d'abord sur le type d'agriculture qui est la leur. Gardons-nous de ces simplifications qui ne font rien avancer et, au contraire, crispent les rapports sociaux et alimentent l'incompréhension. Les élus socialistes bretons, les uns après les autres, montent au créneau, faisant remarquer que cette écotaxe voulue par un gouvernement de droite n'obligeait pas son successeur de gauche. Histoire, sans doute de rappeler à François Hollande et à un premier ministre de Nantes, « Pays de Loire » qui est quand même un peu breton, que les élections municipales approchent et que la Bretagne, démocrate-chrétienne, s'était elle-même convertie à la social démocratie... Jean-Marc Ayrault avait pourtant annoncé un plan Bretagne dans l'urgence...

Ressuscitant les symboles de la gabelle, la campagne des manifestants bretons va, nécessairement, rencontrer un écho national, au moment précis où le gouvernement s'est mis à dos, en quelques heures, la masse des épargnants de ce pays en voulant taxer l'épargne logement et l'assurance vie sans grand discernement. Les parlementaires qui ont entendu, comme chacun d'entre nous, la stupéfaction du citoyen ont eu tôt fait de se ressaisir et de faire remonter la colère de ces innombrables français prévoyants qui ne se sont pas vraiment sentis dans la peau d'abominables capitalistes. Et, voici qu'en ce dimanche, de nouvelle heure, le ministre délégué au budget fait marche arrière. C'est sûr qu'en Bretagne on va s'en apercevoir...

1. D'une région à l'autre: Quand la Bretagne doute d'elle-même (

 

A lire ! Éditos précédents