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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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30/04/2007

L’abstention est-elle possible ce 6 mai ?

Après avoir démontré leur ferme volonté de redonner toutes ses couleurs à la démocratie, s'être inscrits en nombre sur les listes électorales, avoir battu les records de participation à une présidentielle sous l'oeil admiratif du reste du monde, les Français vont-ils baisser les bras ? Deux raisons peuvent rendre compte de cette possible évolution.

D'abord, un sentiment de lassitude à la fin d'une aussi longue campagne, une certaine "décompression", pour emprunter au langage sportif, après la tension qui a précédé le premier tour. La crainte de la gauche socialiste d'être évincée du premier tour a contribué à mobiliser les électeurs autour du "vote utile" dont les candidats de l'autre gauche ont fait les frais. Symétriquement, la campagne musclée de Nicolas Sarkozy, notamment au coeur de plusieurs fiefs du Front National, a crée un mouvement en faveur du vote. On remarquera d'ailleurs que le candidat de l'UMP n'a pas manqué de revendiquer cet élan civique, en s'attribuant le mérite d'avoir parlé haut et fort. Enfin, la percée inattendue et spectaculaire de François Bayrou, ouvrant une autre voie, a ajouté à l'intérêt du grand rendez vous du 22 avril.

La seconde source d'un retour éventuel à l'abstention est à rechercher, de façon paradoxale, dans le clivage exceptionnel que suscite, chacun à sa façon, les finalistes. Un sondage TNS Sofres pour Le Monde et RTL indique que 46 % des électeurs affirment qu'ils voteront par rejet de l'autre candidat. Chiffre très élevé qui peut se traduire par: tout faire pour empêcher la victoire de celui-ci. En quelque sorte : " Tout sauf Sarko parce qu'il est imprévisible et fait peur ; Tout sauf Ségo car elle n'a pas de programme économique."

Cette distorsion de l'électorat explique évidemment que les gestes de séduction se soient multipliés; la rencontre Royal-Bayrou, l'annonce par la candidate que DSK ferait un très bon premier ministre, les propos apaisants de son adversaire à l'égard de l'électorat centriste et de François Bayrou lui-même. Enfin le ton qu'il a choisi pour répliquer à Ségolène Royal sur le mode gentil et étonné lors du face à face du 2 mai.

Joël Aubert.

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