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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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26/11/2011

L’aventurière, le routier béarnais et le boxeur élyséen…

Donc, Eva Joly avait beaucoup de mal à avouer qu'elle soutiendrait François Hollande, au second tour de la présidentielle. Elle a fini par y consentir. Ouf ! L'accord à minima entre PS et Verts qui n'a d'autre vraie raison qu'électoraliste, c'est à dire une possible représentation des écologistes dans la future Assemblée nationale, est sauvé. Cela ne signifie nullement que sur le terrain les électeurs socialistes, sommés de voter « EELV »,  vont se précipiter vers les urnes. De nombreux échos nous parviennent qui soulignent les tensions suscitées, dans les circonscriptions réservées aux écologistes, par des choix arrêtés dans les bureaux de la rue de Solférino, à Paris.

François Bayrou, pour sa part, ne risque pas trop de vivre ce genre de situation. C'est un vieux routier, quoique assez jeune encore si l'on considère la moyenne d'âge des présidents de la V° République depuis De Gaulle... Il a choisi de nous confirmer ce que nous savions déjà, à savoir qu'il était impossible, pour un Béarnais bien dans ses terres, de faire mentir le proverbe « jamais deux sans trois ». Il sera candidat ; il nous faudra juste attendre une petite quinzaine encore pour l'entendre, depuis son cher Béarn, s'adresser à la France. Pareil choix avait réussi en 1981 à François Mitterrand et « sa force tranquille », sur fond de clocher de ce doux village morvandiau de Sermages. Singulier et estimable cet entêtement d'un Bayrou qui veut croire à ses chances pour avoir prédit, voilà sept ans, la crise de la dette et les égarements de la société politique nationale. Sera-ce suffisant pour rentrer, en plein, dans le jeu avec des chances de succès ? Personne ne le croit  vraiment, sauf lui-même bien sûr et l'ensemble de cette famille démocrate chrétienne qui, lasse des saillies de l'hôte de l'Elysée, s'était mise à croire que François  Hollande était fréquentable. En tout cas, ce n'est pas son passage chez Laurence Ferrari qui nous convaincra du contraire : Bayrou fascine les stars des médias par sa culture et son aplomb. Un petit air de Mitterrand qui aurait préféré Maritain à Barrès.

Nicolas Sarkozy, lui, ne risque pas  d'avoir d'état d'âme ou d'interrogation sur l'art et la manière de gagner en politique quand tout semblait perdu. Il tire à vue avec - c'est la logique du système sous la Cinquième - tous les moyens de l'Etat à sa disposition. Le nucléaire est son arme de dissuasion massive. Peu importe la caricature et l'outrance : il veut nous convaincre que le vrai faux mariage entre les socialistes et les Verts nous ramènera, plus sûrement que la crise, à la bougie et donc au « Moyen Age ». Convenons qu'il fallait oser le dire, en flattant les futurs électeurs de Jean-Luc Mélenchon et les syndicalistes qui pourraient craindre un désengagement français de la filière. Mais, l'hôte de l'Elysée n'a pas de ces scrupules ; il sait que le combat pour qu'il espère le gagner et renouveler son bail de cinq ans doit être impitoyable. Et comme nous ne sommes encore que dans les rounds d'échauffement songeons à ce que sera le quinzième, pour peu qu'il dispute la finale et François Hollande aussi. Les arbitres devront s'être longuement entrainés pour ne pas risquer d'être virés à la fin du combat.

Joël Aubert

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