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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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04/04/2016

L’Histoire pour comprendre l’événement

De ces moments, on retiendra que l’événement dont il est rendu compte, plus que jamais dans l’urgence et de façon factuelle, ne prend vraiment son sens que lorsqu’on l’éclaire à la lampe du temps long, de la connaissance des faits qui se sont succédé au fil du temps. Ainsi, Gilles Kepel nous rappelle, en les articulant, quelques dates que nous aurions pu oublier. En voici quelques-unes qui ont marqué l’Histoire de ces cinquante dernières années ; 1979 par exemple, cette année où l’Armée Rouge envahit l’Afghanistan, où L’Égypte et Isarël décident de faire la paix, où la France reconduit en vainqueur Khomeiny en Iran, où l’Arabie Saoudite appelle au djihad qu’elle va financer sans relâche avant, que dix ans plus tard, l’URSS ne quitte vaincue Kaboul, neuf mois avant la chute du mur de Berlin. Et puis viendra 1992, la victoire dans les urnes, en Algérie du FIS, le Front Islamique du Salut, que le FLN ne reconnaîtra pas, source d’une guerre civile épouvantable qui durera cinq ans.
Le djihad devra trouver une nouvelle terre d’élection, Kepel faisant référence à l’ingénieur syrien Al Suri. Cet émule de Ben Laden et Zawiri est considéré comme l’idéologue de la troisième génération du djihad salafiste, l’écrivain de la théorie de l’islam global, consignée dans un ouvrage de quelque 700 pages. Et cette terre d’élection ce sera l’Europe, « le ventre mou de l’Occident » » où, partant de l’analyse selon laquelle des milliers de jeunes ne « s’intégreront jamais » il les imagine en « soldats de ce djihadisme ».
Merah en sera la première figure de proue en 2012 le 19 mars, cinquante ans après le cessez-le-feu en Algérie : coïncidence ? Bien d’autres faits et situations ajoutent à cette approche de la compréhension du temps présent, Kepel n’ignore ni les émeutes des banlieues de 2005, ni la loi sur le voile à l’école, non plus que les divisions au sein des représentants de l’islam de France.
Fait-il preuve pour autant du plus grand pessimisme ? Il n’en a pas donné l’impression ; en revanche il nous invite au savoir qui porte en lui sa part de résistance.

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