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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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02/08/2015

Ces langues régionales qu’il semble si difficile de reconnaître

Prendre la mesure de ce cet épisode de ce qu'on osera appeler « le récit national » c'est à la fois le considérer sous l'angle de la politique et celui de notre patrimoine culturel.

S'agissant de la politique, il faut se souvenir qu'en 1999 le Conseil constitutionnel avait jugé la Charte contraire à l'égalité devant la loi de tous les citoyens ajoutant, en manière de principe, que "la langue de la République est le français ». Point final. Le Conseil d'Etat, qui à deux reprises avait émis un avis défavorable que le pouvoir exécutif n'est pas tenu de prendre en compte vient de réaffirmer sa position. Elle ne sera sans doute pas de nature à interrompre la marche vers la ratification; encore faudra-t-il atteindre cette majorité des 3/5... L'opposition de droite y consentira-t-elle ? Cela ne semble pas impossible, encore que l'on n'imagine qu'elle ne sera guère empressée d'aller à Versailles, en ce début 2016, donner quitus à François Hollande sur une réforme que Jacques Chirac n'avait pu faire aboutir, les termes contenus dans la charte et notamment celle de groupes ayant été contournés par « une déclaration interprétative » qui fait toujours problème .

 Le combat va donc continuer pour les défenseurs de nos langues, véritable patrimoine que les collectivités territoriales, pour l'essentiel, s'efforcent de soutenir à défaut d'un Etat qui les a considérées avec mépris. Il continue, notamment, ici en Aquitaine, où à l'initiative de David Grosclaude conseiller régional, les élus occitans et les associations se sont réunis le 11 juillet à Cazalis, en Gironde, pour accompagner le mouvement vers la ratification. Un homme que sa détermination avait poussé, il y a deux mois, à entreprendre une grève de la faim au sein même du Conseil régional pour faire accélérer le décret créant l'office public de la langue occitane. Faut-il rappeler que notre région s'honore du béarnais, d'une langue basque dont l'Etat a renoncé, pour l'essentiel, quand il était encore temps, d'en faire prendre en charge l'enseignement par le service public le laissant, désormais, aux mains d'associations dont l'existence a dû beaucoup aux aides du pays basque sud... Et que parmi les quelques 75 langues régionales ou parlers qui n'oublient pas ceux des Territoires et départements d'Outre mer, certains, pour ne pas connaître le même niveau de locution n'en font pas moins partie d'une singularité qui enrichit notre culture commune. L'ignorer en ces temps d'uniformisation, de marchandisation, c'est renoncer à une part de nous-mêmes et ce n'est pas un gage de réussite de ce fameux vivre ensemble que l'on se complaît à rappeler en oubliant d'en exprimer la riche diversité.

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