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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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05/04/2020

Le Jour d’après? Esther Duflo nous rappelle la primauté du local

 

Rien cependant qui augure d'un changement de ce qu'il est convenu d'appeler le modèle de développement. De cet impérium où le capitalisme financier est devenu le seul moteur d'une économie néo-libérale qui se soucie bien peu des peuples et de la protection qui leur est due par des gouvernements aux attitudes de complices objectifs. Peut-on décolérer, nous les citoyens, qui apprenons au cœur d'une crise sanitaire sans précédent que les médicaments dont un pays dit développé (?) , le nôtre, a besoin sont fabriqués en Chine ou en Inde ?

Le Jour d'après ? Il vaudrait mieux dire, pour commencer, la décennie à venir. Car, oui, malgré l'empressement de la Chine à repartir comme si de rien n'était, la Chine comme on s'en doutait qui a menti sur le nombre de morts du Covid 19, celui des Etats-unis qui créeront autant de centaines de milliards de dollars qu'il leur plaira et même de notre Europe qui, pour tenter de sauver son économie, a décidé d'injecter des sommes colossales, hier encore impensables, on ne fera pas, spécialement nos démocraties ébranlées par ce choc et atteintes jusque dans leur légitimité, l'économie d'une remise en question de la mondialisation, façon années 2000. Et peut être même de la gouvernance mondiale.

 

Esther Duflo, elle dont le Nobel partagé avec son époux l'indien Banerjee, a osé défendre, avant que ne survienne la crise sanitaire actuelle, l'importance d'une pensée en rupture avec cet impérium mondialiste qui fait peu de cas du local, le dit ces jours-ci sans détour dans une interview à l'Obs : « notre profession a , elle-aussi, une responsabilité historique : Il y a un refus chez les économistes de cibler. De reconnaître, par exemple, que ce ne sont pas les emplois qu'il faut protéger mais les gens. Même si les jobs « valent » moins que les salaires versés, parce que les Chinois fabriquent les mêmes meubles pour moins chers, ils ont un effet sur l'environnement social, sur la communauté alentour. Et donc sur la société. » Et d'oser ajouter encore : « pour prendre l'exemple de la politique agricole commune, tout le monde la déteste, mais dans la réalité elle a préservé bien des choses. Elle a permis d'aménager un territoire, en France, qui ne ressemble pas du tout à celui qu'on trouve en Amérique, où le paysage de fermes a été détruit. » Des paroles qui ne peuvent que sonner heureusement à l'oreille de cette paysannerie française qui en ce temps de confinement relève, magnifiquement et souvent avec l'aide des collectivités, une partie importante du défi alimentaire national. Cette nouvelle paysannerie qui ne craint pas de remettre en question l'excès de certains modèles de production et qui fait vivre, ou revivre, des territoires en déprise et ne tardera pas à susciter, au lendemain de cette crise sanitaire, une accélération de l'exode urbain !

Le Jour d'après ? Et si pour commencer à imaginer les fondations d'une autre développement, d'une autre manière de vivre ensemble, de faire société, nous cherchions, là, près de chez nous les bons exemples, les solutions alternatives en matière d'énergies qui valorisent d'autres façons de les produire et de les utiliser... Elles existent – on pense à la méthanisation, au solaire décentralisé – et l'on peut faire beaucoup plus car on sait faire. Nos capacités d'adaptation , de renouvellement sont bien plus grandes qu'on ne croit. Et le politique, l'élu local, l'élu régional , aujourd'hui, doit prendre et va prendre conscience que plus que jamais il a le vrai pouvoir et le plus exaltant, celui d'entraîner le changement de le soutenir. On pense, dans cette Nouvelle-Aquitaine, première région agricole de France et d'Europe mais aussi terre d'élaboration de l'usine du futur, à la grande ambition de Néo Terra plus que jamais opportune .Elle doit, absolument, embarquer le citoyen dans le grand chantier qu'attendent les plus jeunes d'entre nous.

Le Jour d'après doit être synonyme d'une nouvelle étape de la décentralisation

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