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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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01/06/2014

Le Limousin avec L’Aquitaine et les Charentes avec Le Centre? Impensable

Les relations entre le président du Conseil régional d'Aquitaine et, feu, la présidente de Poitou-Charentes sont connues pour être mauvaises. Et, à un moment où François Hollande est au plus mal, imagine-t-on qu'il puisse déplaire à celle qu'il a décidé de faire entrer dans son gouvernement ? …

Face aux choix que le président de la république devrait annoncer, ces jours-ci, l'Aquitaine, son éxécutif, son assemblée, le Conseil Economique Social et Environnemental, les forces vives, qu'il s'agisse des Chambres Consulaires, des organisations patronales et syndicales... ont le devoir de s'exprimer, sans détour. Certains rendez vous sont déjà pris; nous les suivrons, ici, à Aqui, avec l'attention vigilante qu'un média comme le nôtre doit porter à des débats qui engagent bien plus que le périmètre d'une collectivité territoriale; en réalité l'avenir d'une région qui s'est construite au fil des années, a su être à l'écoute de ses cultures différentes, a jeté les bases d'une économie qui, s'appuyant sur ses points forts, promeut aussi les innovations et la recherche... et est devenue, autour de sa métropole, de plus en plus attractive.

Lui proposer, demain, d'accueillir en son sein la Creuse, la Haute-Vienne, la Corrèze et lui interdire de faire cause commune avec des départements comme la Charente ou la Charente-maritime, voire le Gers, c'est un non sens, un déni, la marque d'un arbitraire jacobin, émanant d'un chef de l'Etat aux abois, mal conseillé et qui perd le sens commun.

Entendons-nous, il ne s'agit pas de considérer avec condescendance trois départements, essentiellement ruraux, que la nouvelle donne territoriale préoccupe comme le président de la Creuse - 123.000 habitants - Jean-Jacques Lozach le rappelait, ce 28 mai pendant la Foire de Bordeaux, à l'invitation du Conseil général de la Gironde. On peut même se poser la question de l'opportunité d'agréger la Corrèze, si proche par son économie de la Dordogne, à l'Aquitaine. De Terrasson à Brive il n'y a que le temps d'une pause café sur l'A 89. Mais, décréter d'en haut, de ce qui est apparemment impossible, est insupportable. Faut-il ajouter que le coût de ce mariage forcé sera probablement élevé et desservira l'économie de l'Aquitaine d'aujourd'hui...

Naturellement, le rafistolage, à marche forcée, rencontre et rencontrera des défenseurs zélés dans les cercles parisiens, où le mépris de la province est une seconde nature. Ils n'ont jamais assez de mots pour vilipender la France des « Baronies » qu'ils côtoient, le temps d'un week end doucereux ou d'un ménage au prix fort, mais n'oublient jamais de  flatter les hommes du pouvoir central qu'ils dénigrent par ailleurs, à longueur de semaine et de mois. Les Baronies? Quelles baronies? Comme si les Pyrénées-Atlantiques et la Gironde, les élus qui les représentent et ont appris, ensemble, pendant trente ans à trouver des complémentarités, à investir dans des projets communs, ne méritaient pas d'autres qualificatifs que cette vision Moyen Ageuse de la France .

Les enjeux de la réforme territoriale qui s'annonce sont pourtant de la plus grande importance dans un pays, redisons-le ici avec force, où le ressort de l'action publique doit être l'efficacité, le développement, la reconstruction d'une économie que la faillite intellectuelle et la suffisance des élites, entre le Corps des mines ou la Direction du Trésor, ont largement précipitée vers le déclin.

Le rappeler ici c'est prendre date et se promettre de débattre, de convaincre et de résister.

 

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