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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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29/08/2010

Présidentielle: Vingt mois encore…

Il va falloirvivre au rythme d'une actualité politique toute entière accaparée par les faits et gestes des aspirants candidats, du vrai candidat à sa propre succession qui jurera qu'il n'y pense pas en se rasant le matin parce qu'il est bien trop occupé avec les affaires de la France et même celles du monde, puisqu'il va présider le G20. Vingt mois ça va être bien long, surtout que l'affrontement risque d'être furieux, impitoyable. Et, cela, dans une France en proie au doute le plus profond où le chômage et surtout le sous emploi deviennent endémiques. Une France où l'on est frappé, au fil des rencontres, par l'inquiétude des acteurs de la vie publique, des fonctionnaires qui s'interrogent sur l'application des réformes, dans le secteur de la santé par exemple, des élus qui, à droite comme à gauche, jugent sévèrement cette fameuse réforme territoriale sans tête ni queue... ni moyens, des présidents de départements qui passent les budgets à la paille de fer et s'attendent au choc en retour de la société. Une France des associations, des grands secteurs, celui du logement notamment où les organismes type HLM observent la montée des périls dans des banlieues où rien n'est résolu. Une France agricole dont Nicolas Sarkozy semble s'être rendu compte qu'elle n'avait plus que trois ans pour s'adapter au bouleversement final de la PAC.
Ce tableau bien trop noir, dira-t-on, ne puise pas seulement ses origines dans la crise qui, depuis deux ans, a bouleversé l'économie mondiale, dans la volatilité des marchés, dans l'irresponsabilité de quelque grande banque d'affaires.
S'agissant de la France, il est le reflet d'une perte de confiance grandissante à l'égard de la classe politique. Le phénomène n'est pas nouveau mais il devient, chaque jour, plus lourd de conséquences. Les Français veulent bien entendre que leur pays a plus que doublé sa dette en quatre ans et a donc une obligation absolue d'arrêter cette folie; ils peuvent comprendre que certains avantages fiscaux soient « rabotés » ou supprimés...encore ont-ils besoin de sentir, pour retrouver un peu de confiance, que l'effort sera partagé et, surtout, qu'au plus haut de la pyramide on montrera l'exemple. Le gel des salaires dans la fonction publique n'y suffira pas; il faut absolument que le train de vie élyséen et gouvernemental soit revu à la baisse, que le remaniement ministériel à venir en témoigne autrement que par des mots, que la question de la rémunération des élus soit mise à plat, que la fiscalité s'éloigne des boucliers et manifeste une volonté de justice sociale.
Candidats ou aspirants candidats peuvent toujours jurer de leur sérieux absolu et, même comme à La Rochelle, entonner l'air de l'unité retrouvée.
Le pays a d'abord besoin d'une présentation claire et honnête de sa situation, d'un état des lieux sans démagogie, de propositions vraisemblables, c'est à dire finançables, de débats sérieux et aussi larges que possible, de comportements responsables. D'un grand effort de pédagogie, en quelque sorte, et bien entendu de courage. Ce n'est qu'à ce prix qu'il supportera la campagne présidentielle qui vient de commencer au coeur de l'été par un discours à Grenoble, des vols vers la Roumanie et des accolades à La Rochelle.

Joël Aubert

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