icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
23/08/2015

Quand Alain Juppé fait sa rentrée scolaire avec une promesse

Justement, le maire de Bordeaux et favori des sondages pour la présidentielle de 2017, en parle à sa façon en annonçant la nécessité d'augmenter de 10% le salaire des professeurs du primaire, cette première école, maternelle et élémentaire où tout se joue. Pour le meilleur comme pour le pire. Une annonce qui ne peut pas laisser indifférent le grand corps des enseignants à qui il serait demandé du soutien renforcé, en temps réel, pour faire en sorte que tant de gamins qui entrent au collège sans avoir acquis les « savoirs fondamentaux » ne soient déjà condamnés à l'échec.

S'agissant de la stratégie choisie par Alain Juppé il est bien trop tôt pour savoir si elle le placera dans des conditions optimales, dans un an, pour gagner la primaire que dans le camp des « Républicains » un certain Nicolas Sarkozy et un Bruno Le Maire abordent différemment. A l'évidence, le maire de Bordeaux choisit le travail de fond, la pédagogie, appuyant sa démarche sur la publication d'ouvrages destinés à démultiplier les débats qu'il entend lancer, à commencer ce mercredi par « Mes chemins pour l'Ecole ». En l'occurrence, et même s'il s'attend à relancer des « controverses », Juppé semble vouloir jouer la carte d'une précampagne d'explication, à visée grand public, qu'il va, au gré de ses déplacements dans le pays, s'efforcer d'enraciner dans l'esprit de ces Français qui semblent préférer son approche tranquille à celle de Nicolas Sarkozy toujours en mal de propos fracassants. Disons qu'il y a du Chirac modèle 1995 dans cette façon de partir à la conquête du pays.

Quant au choix de l'école, comme entrée en matière des chantiers de réforme qu'il entend proposer aux Français, il peut entrer en résonance avec la plupart des questions qui sont au cœur de la persistance du mal français. L'échec scolaire qui est aussi et le plus souvent la résultante des inégalités sociales est en effet à la source des difficultés d'insertion qui condamnent beaucoup de jeunes sans formation au chômage, à l'incapacité, voire au déni du vivre ensemble dont on parle tant depuis les tragédies du début de l'année. Cependant pour que l'école remplisse au mieux ses missions éducatives et réparatrices, il faudra obtenir beaucoup plus que l'adhésion des professeurs qui d'ailleurs ne fait pas défaut ; il faudra une mobilisation générale de la société, toutes générations confondues, et réussir dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint à faire un effort prioritaire dans la durée. Autant dire que le défi par lequel Alain Juppé ouvre le ban de son projet présidentiel n'appellera pas qu'un bon diagnostic le temps d'une campagne.

A lire ! Éditos précédents