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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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04/10/2009

Quand BNP Paris rembourse ses dettes, l’Etat gagne moins qu’il ne l’annonçait…

Depuis, précisément, que la BNP, juste devancée par le Crédit mutuel-Cic, vient d’annoncer, quasi triomphalement, qu’elle remboursait le prêt que l’Etat lui avait consenti: 5,1 milliard d’euros.
La ministre de l’Economie, Christine Lagarde s’en réjouit, en faisant remarquer que ce même Etat empocherait des intérêts, de l’ordre de 1,4 milliard. Mais ce qu’elle ne dit pas, ou plus exactement ce qu’elle escamote, c’est le manque à gagner considérable dont l’Etat s’est privé. De l’ordre de 6 milliards d’euros, selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Didier Migaud.
En effet, quand le choix a été fait de prêter de l’argent aux banques, l’Etat a souscrit des actions dont le prix était fixé d’avance; des actions de « préférence » au prix de 27 euros pour BNP Paribas, dans un contexte général de baisse; aujourd’hui l’action de BNP Paribas atteint quelques 55 euros, à un moment où les banques engrangent des bénéfices élevés: plus de trois milliards, par exemple pour BNP, au premier semestre. Ces mêmes banques qui ne craignent pas de procéder à des augmentations de capital pour accélérer leurs remboursements, plutôt que d’avoir à payer des intérêts supplémentaires. Convenons donc, à tout le moins, que l’Etat est un mauvais prêteur, lui qui, criblé de dettes, a renoncé à empocher des plus values importantes.
La ministre peut toujours se féliciter que l’Etat n’ait pas voulu spéculer; devait-il pour autant renoncer à toucher, toute ou partie, des possibles dividendes de ses aides empressées?
La question n’est sans doute pas politiquement correcte, mais il était nécessaire de la poser avec vigueur, alors qu’il ne fait aucun doute que ces aides contribuent, maintenant, aux excellents résultats des banques. Faut-il rappeler, d’ailleurs, que certainesd'entre elles n’avaient montré aucun empressement à ce qu’on les secoure ? Alors, au moins, ne laissons pas croire aux citoyens que ces quelques milliards prêtés pour « sauver le système » vont, comme on l’affirmait, bien rapidement,il y a moins d’un an, beaucoup rapporter à l’Etat. Faute d’avoir imaginé des contreparties suffisantes, celui-ci a perdu une occasion de permettre aux banques de participer, vraiment, au redressement des finances publiques dont l’état est tout simplement catastrophique. On objectera que ce n’est pas là leur mission mais à circonstances exceptionnelles solidarité indispensable...

Joël Aubert

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