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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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22/02/2015

Quand François Hollande dénonce le populisme… au Salon de l’Agriculture

A y regarder de plus près, ce que nous autorise un ancrage dans nos territoires à la différence souvent de ceux qui y viennent ou y passent, le temps de se ressourcer, on peut comprendre, évidement sans les cautionner, ces dérives électorales. Il suffit pour cela de consulter les statistiques d'évolution du chômage : elles y battent des records et généralement dans des zones à la grande périphérie des villes et, bien sûr, des métropoles. Dans des campagnes qui, souvent, n'en sont plus tout à fait, refuge de ces citadins périurbains qui ont choisi de venir s'y loger en "faisant construire", ou alors dans des campagnes en pleine déprise démographique et économique et où vous traversez des bourgs, vestiges d'une paysannerie rude mais florissante, où l'oeil se pose, désolé, sur des panneaux "à vendre" accolés à des bâtisses dont les volets n'ont pas reçu un coup de peinture depuis des décennies. Un monde qui s'effondre et vieillit, où la tournée du facteur n'apporte le journal qu'à l'heure de la sieste, où le maintien à domicile est une alternative, soutenue aujourd'hui, par les conseils généraux, à la maison de retraite.

Aurions-nous grossi le trait ? Circulez, même dans notre Aquitaine à l'agriculture florissante, vous y trouverez sur les coteaux ces images qui vous nouent l'estomac et interpellent l'omnipotence de notre société urbaine. L'élevage, laitier, notamment, et on s'en parle au Salon de l'agriculture, est en difficulté et menacé par la disparition des quotas, qui quoiqu'on en dise, garantissaient dans nos régions la pérennité d'exploitations de moyenne importance. Ne cherchons pas ailleurs les raisons de la campagne farouche menée par une partie de la paysannerie contre les «usines à lait». Elles ne sont pas légion mais elles bousculent un modèle de production qui a fait ses preuves et contribué au maintien de territoires vivants.

L'Etat, face à cela, s'en sort comme il peut mais est souvent prisonnier, en son sein, au cœur même de ses administrations de contradictions récurrentes qui exaspèrent le monde rural : agriculture et environnement seraient incompatibles et toujours prêts à en découdre. Le drame de Sivens en a témoigné de façon caricaturale, mais le débat sur l'application de la fameuse «directive nitrates» est, sans jeu de mots, totalement pollué par la méconnaissance des besoins de l'agriculture éternellement pointée du doigt, jamais crue, régal des médias en mal de sensationnel. A-t-elle su, pour autant, expliquer et dire les progrès qu'elle a fait et qu'il lui reste à faire ? Si peu, à vrai dire, et il ne lui suffira pas de mettre en avant le concept d'agro-écologie pour convaincre. Pourtant, ici et là, que de progrès accomplis dans la gestion partagée de l'eau, dans l'utilisation des intrants, dans la traçabilité de ses productions... L'agriculture française doit faire plus... et mieux... et dire ... Pousser la recherche qu'imposent plus que jamais le réchauffement climatique et le défi que représente l'usage encore abusif des pesticides. Il faut l'y aider et s'y mettre tous. L'Etat, les Régions qui soutiennent et doivent plus encore soutenir la transmission des exploitations, l'installation des jeunes, les filières et le développement de l'agriculture biologique qui crée une émulation salutaire en leur sein.

Il y va de l'emploi, de cet emploi qui manque tant et qui est à la source de ce populisme Monsieur Hollande car une agriculture vivante qui sait se diversifier, regarder vers le tourisme et ouvrir ses portes aux urbains, c'est aussi la garantie de ce que nous savons faire de mieux en France, avec les avions, tous ces magnifiques produits que le monde entier nous envie.

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