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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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26/12/2010

Quatre millions de chômeurs…Produire devient une grande cause nationale

Xavier Bertrand, le nouveau ministre du travail parle de « mobilisation sans relâche afin que 2011 soit l'année de la baisse significative du chômage. » On voudrait le croire tant chacun d'entre nous, autour de soi, croisons la route de cette cohorte de tous âges : licenciés économiques, chômeurs âgés, dits de longue durée, jeunes qualifiés à la recherche du premier emploi, jeunes sans qualification...
Si l'on considère le nombre de ceux qui ont été rayés des listes ou s'en sont exclus par lassitude, c'est le pays tout entier qui est accablé par le manque de travail. Son sujet majeur de préoccupation, bien avant celui de la sécurité dont on nous rebat les oreilles.
Car c'est bien là qu'est le mal, plus encore que dans la disparition d'emplois consécutifs à la crise. La France qui a perdu, dès les années 70, au lendemain du premier choc pétrolier beaucoup d'emplois dans les secteurs traditionnels, pourvoyeurs de main d'œuvre, n'a pas réussi à en créer suffisamment dans les activités à haute valeur ajoutée, à forte technologie. Les discours étaient là mais le système grippé, pour toute une série de raisons, n'a pas permis la naissance suffisante de ce fameux tissu de PME dont on nous a si souvent vanté les mérites mais qui peine à se développer. Retard coupable et explosion de la mondialisation ont conduit notre pays dans une situation dont les effets, aujourd'hui, se font terriblement sentir. L'Union Européenne, dans son ensemble, n'est guère mieux lotie exception, relative d'ailleurs, de L'Allemagne dont l'industrie a su s'adapter plus vite et mieux que la nôtre, conservant une capacité exportatrice remarquable.Pour un pays de quatre vingt millions d'habitants, ayant dû absorber le choc d'une réunification accélérée, il convient de réfléchir à l'effort collectif qu'il lui a fallu consentir.
Cette comparaison ne procède pas de la béatitude; elle souligne que nos voisins ont été plus clairvoyants et surtout moins naïfs que nous. Songeons que la France ne fabrique pratiquement plus un ordinateur grand public, plus un poste de télévision, pas le moindre portable...tous ces outils de la vie quotidienne qu'il nous faut importer. Résonnent à notre oreille ces propos si souvent entendus, en haut lieu, sur le thème de la division internationale du travail : nous avons, nous, des avions et des fusées...
Ce simple rappel pour affirmer, haut et fort, que la résorption du chômage résistera à tous les discours aussi longtemps que la France ne mettra pas le paquet sur la relance de sa production. Et, mettre le paquet, ce n'est pas supprimer la taxe professionnelle d'ailleurs partiellement remplacée ; c'est mettre en œuvre une grande politique de l'innovation, soutenir et fédérer tout le potentiel de recherche, conserver nos chercheurs et leurs brevets au lieu de les laisser s'expatrier,encourager une vraie culture scientifique, inciter les français à investir dans de nouveaux produits d'épargne et pas seulementle temps d'un « grand emprunt ».Le corpus d'une grande cause nationale en quelque sorte pour ceux qui nous gouvernent ou aspirent à leur succéder.

Joël Aubert

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