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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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11/11/2010

Réforme territoriale: la « rupture » à tout prix

Certains connus pour leur hauteur de vue comme lemaire de Biarritz Didier Borotra ont d'ailleurs voté contre. Elle est passée, d'une voix de plus que celles requises pour son adoption par le Sénat; désormais l'Assemblée nationale, le 16 novembre, validera le texte et l'affaire sera entendue.
L'attention des médias aura beaucoup moins été accaparée par cette réforme que par certaine autre. Et pourtant ! Elle met fin à trente ans de décentralisation assumée, d'exercice des libertés par les élus des collectivités locales. Une rupture politique voulue par Nicolas Sarkozy qui a mis, en direct, la pression sur les parlementaires pour les faire obéir.
Désormais, s'il subsistera bien un conseil général départemental et un conseil régional, c'est le même élu qui siègera dans les deux assemblées, devant s'intéresser à la fois au bon état des routes de son canton et au projet de cluster dans le domaine des énergies renouvelables. Un élu superman qui devra tout savoir et réussir, aussi, à trouver le temps de recevoir ses électeurs dans sa permanence, sans doute le dimanche à 6 heures du matin ! Une réforme, officiellement voulue pour des raisons d'économie mais dont le ressort profond est la détestation, par l'homme de l‘Elysée, d'une France bien trop différente et rebelle à ses yeux. Une réforme au parfum de populisme, voulue à toute fin, et très vite, pour couper l'herbe sous le pied à une opposition qui, si jamais elle revenait au pouvoir, aurait bien du mal à revenir au statu quo. Cette opposition d'ailleurs, qui aurait mieux fait, dès que la commission Balladur a été créée, de s'entendre -départements et régions- pour proposer des clarifications et des regroupements de compétences, des économies intelligentes, celles-là, plutôt que de se regarder en chien de faïence, chacun défendant son pré carré.
Le plus extravagant, dans cette réforme, c'est qu'hormis la suppression de quelques milliers d'élus elle ne résoud aucun des problèmes financiers,de plus en plus lourds, qui se posent à cette France d'en bas qui doit assumer l'Aide Personnalisée, le RSA, la Prestation Handicap; en un mot l'aide sociale voulue par l'Etat. Un Etat qui gèle ses dotations et condamne les collectivités à une mission impossible. Et qui, pour contourner la fronde de trop d'élus, renvoie à 2015 la question des compétences!... C'est à dire après la date prévue pour l'entrée en vigueur de la réforme, en 2014.Les citoyens seront donc amenés àélire des conseillers territoriaux qui ne seront pas en mesure de leur dire si, un an plus tard, ils pourrontpar exemple continuer à financer, ou non, un projet innovant et créateur d'emplois. Une manière de mépris qui caractérise ces temps-ci le gouvernement de la France.

Joël Aubert

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