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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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06/05/2007

Sarkozy, une large victoire et de grandes obligations

Ce ne fut ni "Tout sauf Sarkozy"ni "Tout sauf Ségolène", plutôt "Tout sauf s'abstenir". Cette nation que l'on disait désabusée, lasse de la politique, vient d'apporter la preuve éclatante de sa volonté de participer au renouveau démocratique et au redressement du pays. Ce résultat ne doit pas seulement au désir des citoyens de laver l'affront de 2002, de se racheter d'une indifférence qui avait, en grande partie, permis à Jean-Marie Le Pen d'affronter Jacques Chirac. Il exprime une très grande attente; celle de voir la France se redresser, se réformer, et placée en situation de relever le défi de la mondialisation.
Ne croyons pas en effet que l'exceptionnelle mobilisation des électeurs signifie un blanc-seing pour le nouveau président. Elle lui crée de nombreuses obligations, à la mesure de son succès. D'abord, parce que tout au long de la campagne il a scandé son désir de "rupture" et affirmé son souhait d'être jugé sur ses actes, en conformité avec ses promesses. Les Français n'auront pas la mémoire courte, en premier lieu ces électeurs les plus à droite. Ensuite, et c'est le revers même de cet imposant succès, celui-ci s'accompagne d'une forte réplique anti-sarkozyste. Le nouveau président, en choisissant une ligne très à droite, notamment sur le terrain de la sécurité et des valeurs, a suscité, et continuera de susciter de grandes inquiétudes, que sa seule légitimité démocratique ne suffira pas à dissiper. Il devra présider en pensant autant à la seconde France qu'à celle qui l'a porté au pouvoir; on notera qu'il s'est adresséà elledès ses premiers mots.
Cet impératif sera d'autant plus fort qu'il ne pourra oublier qu'au centre un fort courant démocratique a vu le jour au premier tour, portant François Bayrou à un très haut niveau de représentation. Que restera-t-il de celui-ci au lendemain des élections législatives prochaines? C'est la véritable inconnue de la nouvelle donne politique qui sort de cette présidentielle. Une inconnue d'autant plus lourde d'enjeux que, désormais, il ne fait plus aucun doute que la gauche socialiste n'aura de chance de l'emporter qu'en trouvant de nouveaux alliés. Son soutien historique de second tour, en 1974 et 1981, le parti communiste, a quasiment disparu. Michel Rocard n'avait pas tort en appelant à une alliance Royal-Bayrou. Elle n'était simplement pas possible immédiatement. Ségolène Royal qui a commis trop d'erreurs au début de sa campagne n'a pas démérité et il n'est pas évident qu'un autre candidat du PS aurait fait beaucoup mieux. Une fois passées les législatives, le PS ne pourra plus éluder la grande mise à jour de sa ligne politique, celle qu'il n'a pas entreprise au lendemain du référendum européen.

Joël Aubert
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