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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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26/07/2009

SOS: le dialogue social pour éviter l’explosion

Le regretter est une chose, s’en étonner témoignerait d’une ignorance de la gravité de la situation économique et du désespoir de beaucoup de salariés, cadres compris, d’ailleurs souvent scandalisés par les indemnités que s’octroient les patrons du CAC 40.
L’Agence France Presse rapporte cette analyse de Marie Pezé, psychanalyste à Nanterre dont la consultation est très recherchée : « on n’en est qu’au stade de la mise en visibilité du passage du désespoir à la révolte ; on n’en est pas aux véritables violences contre l’outil de travail mais on va vers des événements lourds et graves, je le dis depuis un an… ». Les gestes destructeurs des ouvriers de Continental,les bonbones de gaz des JLG à Tonneins ou de New Fabris à Châtellerault, ne sont, il faut le craindre en effet, que les premiers signes d’une évolution radicale des comportements sociaux face à la perte de sens de l’activité de production qui frappe usines et établissements.
Moins intransigeants dans la forme, mais tout aussi désespérés et découragés, les personnels d’Alcatel voient leur entreprise, jadis fleuron de l’industrie française, se déliter depuis la fusion avec l’américainLucent et perdre, non seulement ses emplois mais également son savoir faire. Le souffle puissant de la mondialisation balaie des entreprises, alors que souvent celle-ci a été présentée comme la seule alternative à leur pérennité. Et l’on voudrait que des salariés dont le destin se confond, parfois depuis des dizaines d’années, avec leur entreprise conservent à tout prix leur sang froid ?
Sans perspective, dans une conjoncture qui ne permet pas de retrouver un emploi, ils se résolvent à des méthodes extrêmes pour obtenir assez d’argent afin d’espérer passer le cap. Et les syndicats sont contraints, le plus souvent, de les accompagner sur ce terrain illégal.
Comment éviter que le pire ne se produise, avec un risque d’embrasement et des dérapages insurrectionnels ? En obligeant au dialogue social les entreprises, d’ailleurs souvent les plus grosses, qui obéissent à des stratégies décidées loin des usines et dont l’information du personnel, à la différence de toute PME qui se respecte, est le cadet des soucis. A cet égard, les salariés de Molex à Villemur ont apporté la preuve que la justice pouvait prendre en compte leur attente.
L’Etat qui est condamné à jouer les pompiers, en pleine contradiction entre fermeté et médiation, doit exiger, au-delà des dispositifs légaux et conventionnels, que le dialogue social s’engage à temps. Et que tout plan social, émanant d’un groupe qui délocaliseet s’accompagne d’une cessation définitive d’activité en France, intègre une indemnité supra légale significative. On trouve bien le moyen de voter des lois de circonstance dont l’enjeu social et politique est infiniment moindre.

Joël Aubert

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