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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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08/01/2011

Tous pessimistes? Non, en attente de confiance et de l’exemple donné au plus haut niveau

On gardera donc les 35 heures et avec elle ses fameuses RTT. Car les 35 heures c'est d'abord, et avant tout, par le jeu des conventions collectives, des jours de repos supplémentaires. Et, cela, la société n'entend sans doute pas y renoncer.
Un vrai faux débat, bien franco-français en quelque sorte, que l'homme de l'Elysée avait, de son point de vue, réglé en créant les heures supplémentaires et son si fameux « travailler plus pour gagner plus ».
Au fond, ce nouvel épisode du mal français n'aurait pas eu pareil succès médiatique s'il n'avait été lancé par un élu de gauche, candidat aux primaires socialistes et soucieux de faire parler de lui. Mais, surtout, si la France ne se posait pas, aujourd'hui, la question de son avenir, de ses lendemains. De ce cette absence de travail qui l'obsède. Et est à la source des résultats, à certains égards extravagants de ce sondage sur le moral des français. Champions du monde du pessimisme ces Français... et même davantage que les Irakiens ou les Afghans ! Voudrions nous vivre comme des Irakiens ou des Afghans? Stupide parallèle. Les mots ayant un sens, ce n'est pas de pessimisme qu'il faudrait parler mais de confiance. Pourquoi serions-nous entrain de perdre confiance en l'avenir ?
Parce que le chômage est enraciné au cœur de nos villes et de nos villages, parce que nos jeunes se battent pour y arriver, à moins qu'ils ne succombent face à l'impossible, parce que l'Etat qui était le garant d'une nation dans laquelle le citoyen se reconnaissait s'effiloche - d'autres diraient s'amaigrit - mais surtout ne pourra plus rendre, comme au temps des années de croissance, les services élémentaires auxquels nous étions habitués : la couverture sociale, la santé, l'éducation, la justice. Songeons au nombre grandissant de ceux qui, faute d'argent, ne se soignent plus ou allongent la file d'attente des services d'urgence... Ecoutons telle maîtresse de maternelle qui doit assumer les trente huit enfants de sa classe et n'a plus, à 50 ans, aucune perspective d'évolution de carrière, étant au plafond de sa qualification. Entendons les conclusions du rapport commandé par le ministère de l'éducation lui-même qui reconnaît, ces jours-ci, « les difficultés » des jeunes professeurs de lycée et de collège qui ont été plongés, pour la première fois à la rentrée dernière, sans aucune formation pédagogique préalable, dans l'univers improbable de leur classe. Songeons à tous ces serviteurs de l'Etat eux-mêmes, souvent méprisés, qui n'ont pas toujours la force de relever les nouveaux défis d'une société ébranlée par le choc d'une mondialisation, sans foi ni loi. Songeons à tous ces salariés du privé dont le sort, arrêté loin de leur lieu de travail, dépend du niveau, qui ne saurait être inférieur à moins de deux chiffres, de la marge de leur entreprise.
Cette société là, sans morale et sans vraie justice, dont le procureur général près de la cour de Cassation, Jean-Louis Nadal vient de rappeler que ceux qui la gouvernent ne respectaient même plus la "séparation des pouvoirs", a besoin de retrouver les valeurs de la République. Et sente, qu'à sa tête, des gens clairvoyants, humbles et modestes dans leur comportement, sont prêts à les partager. Alors la confiance reviendra.

Joël Aubert
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