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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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05/02/2011

Tunisie, Egypte… les leçons d’un embrasement populaire et numérique.

Ces jours-ci, malgré les blocages et les interdits, le peuple égyptien se mobilise, via les réseaux et, en l'absence de pareils outils, il ne fait aucun doute que la puissance de la contestation n'aurait jamais atteint une telle ampleur.
La première leçon à tirer de ces bouleversements touche à l'usage que les pouvoirs, désormais, pourront faire de la censure, du mensonge. Ou de la stricte parole officielle. Celle-ci est morte dans l'esprit des gens ; elle ne fonctionne plus, balayée par la lame de fond d'une somme inouïe de « vérités individuelles », ce qui n'est pas pour autant le gage d'une démocratie responsable.
La seconde leçon nous touche, nous, les journalistes, hommes et femmes de médias. Nous sommes soumis, chaque jour davantage, au regard des citoyens avides de savoir à moins qu'ils ne soient conditionnés par une information univoque, émotionnelle et pour tout dire « fait diversière ». Le sinistre feuilleton de la disparition de Laëtitia et la récupération politique à laquelle elle donne lieu soulignent, jusqu'à l'absurde, les dérives de l'information dans une démocratie comme la nôtre. Une exploitation sans retenue, au mépris du respect que l'on doit aux familles, telle est la règle dans un univers à la fois de plus en plus concurrentiel et cynique. Audience oblige...
L'ampleur de la tâche qui incombe aux médias n'a pourtant jamais été aussi vaste. Comment rester soucieux de l'idéal démocratique au cœur d'une société dite développée qui laisse sur le carreau autant de gens ? En allant à leur rencontre, en les écoutant, en poussant les représentants du peuple à s'expliquer, à proposer des solutions? Comment contribuer à ce que cette même société, en se remettant en question, innove, progresse, redonne de l'espoir et de cette confiance qui fuit le citoyen, abêti par l'« info-émotion » et l'absurde et larmoyante téléréalité?
S'interroger sur la nature de l'information, en ces temps où des peuples, jouissantdes outils de l'extraordinaire révolution numérique, bousculent tous les pouvoirs, est aussi nécessaire que de s'assurer de la qualité de l'air que l'on respire.

Joël Aubert

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