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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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06/11/2010

Une manière de crise institutionnelle

Nicolas Sarkozy s'en vaà Londres et signe un accord de coopération militaire et nucléaire propre à faire se retourner dans sa tombe le général De Gaulle, huit jours avant le quarantième anniversaire de sa mort.
Le premier ministre appuyé par une grande partie de l'UMP s'autorise, en manière de contre-feu contre le soldat Borloo, des propos qui peuvent être interprétés comme une mise en garde à l'homme de l'Elysée, lequel s'affiche à Troyes entre François Baroin et Jean Louis Borloo. Scène étonnante, d'ailleurs, comme si le Prince président voulait absolument montrer qu'il est le maître absolu des destins.
Enfin, last but not least, ces marques d'égard exceptionnels et ce luxe de précaution pour accueillir le président chinois, lui faire signer des contrats et tenter d'obtenir son soutien aux initiatives françaises lors du prochain G20 qui, on l'a compris, doit aux yeux de l'opinion publique française contribuer à affirmer la stature internationale de Nicolas Sarkozy.
Oui, cette semaine restera comme un temps singulier de la partition du quinquennat que l'homme de l'Elysée lui-même a choisi d'interpréter, seul, au risque de se brûler les ailes. Car qu'observe t-on en ces jours où les feuilles mortes se ramassent à la pelle ?Un président plus que jamais atlantiste qui embarque notre pays dans une coopération militaire avec la Grande Bretagne qui reste et restera la tête de pont des Etats-Unis en Europe. Un chef des armées qui ne se soucie guère de l'avis du Parlement pour le faire et restreint notre liberté d'appréciation en cas de conflit grave, en nous liant à des anglais toujours prompts à suivre l'Amérique.Un président qui bat des records de lenteur entre le moment où il annonce unremaniement et celui où il le met en œuvre... Comme s'il hésitait, toujours, sur la ligne politique à choisir pour tenter de retrouver un peu de la confiance de ses concitoyens qu'il a perdue. Faire du social mais avec quels moyens ? Une sorte de Grenelle à grand spectacle sous l'égide de J.L Borloo, un centriste pour contrer d'autres centristes ? L'UMP n'en veut pas et François Fillon encore moins. Maintenir celui-ci à Matignon, cela le discréditerait après les effets d'annonce du printemps dernier.
L'indécision qui prévaut, ces temps-ci, est le signe d'une sorte de crise institutionnelle rampante inédite sous la V° République. Une anomalie du quinquennat que la personnalité boulimique de Nicolas Sarkozy accentue jour après jour et qui, en d'autres temps, aurait abouti depuis longtemps à la disgrâce de François Fillon. Songeons à Chaban, déposé par Pompidou et à Chirac poussé vers la sortie par Giscard.
Le quinquennat sans la volonté partagée - président, premier ministre - de vraiment gouverner ensemble et de façon complémentaire c'est, non seulement le risque maximum pour l'homme de l'Elysée mais c'est aussi une pratique dangereuse pour la bonne santé de la V° République et le bon usage de la démocratie.

Joël Aubert

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