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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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17/11/2015

Unité nationale: Oui, mais laquelle?…

En effet, il n'est pas illégitime de débattre, quand on est parlementaire, de la nécessité d'entreprendre une révision constitutionnelle à marche forcée pour faire sauter quelques verrous hérités de la loi organique voulue par De Gaulle, dans les circonstances exceptionnelles d'un pays en guerre, celle d'Algérie. François Hollande a, sans sourciller, adopté la rhétorique guerrière mais cherche à adapter au temps présent la Constitution de1958, tout en évitant l'écueil, dans une démocratie réactive comme la nôtre, de l'excès de pouvoir. Déjà, la prolongation de l'état d'urgence pour une période de trois mois n'ira pas sans soulever des tensions et sans doute des polémiques. Mais, le contexte, au lendemain de ces attentats à grande échelle exigeait une ferme réponse de l'exécutif. On voit bien ce que l'état d'urgence autorise déjà; une série de perquisitions et des saisies d'arme.

Les annonces du chef de l'Etat qui mettent à bas, d'un coup d'un seul, les contraintes budgétaires européennes – un pacte de sécurité au lieu d'un pacte de stabilité- ont au moins le mérite, même si elles sont tardives, de tenter d'apporter une réponse globale à la situation de crise profonde dans laquelle le pays est plongé, pour longtemps.

On pense, ici, aux postes à créer dans la police et la magistrature. Trop, beaucoup trop avaient été supprimés sous le quinquennat précédent avec leur lot de conséquences : l'affaiblissement du renseignement et l'allongement des procédures si nuisibles à l'efficacité de la justice.

On pense, aussi, à la vigoureuse interpellation de nos voisins européens dont la solidarité est indispensable, ne serait-ce que pour mettre en place une politique coordonnée au sein de l'espace Schengen, tant il saute aux yeux que les terroristes peuvent frapper le territoire national depuis chez eux. L'exemple belge est là, édifiant.

On pense, enfin, à une inflexion de notre diplomatie qui veut jouer le troisième homme aux côtés du duo Etats-Unis/Russie, face au défi de Daech, mais ne devrait pas oublier que la France a toujours défendu une position singulière, notamment vis à vis du monde arabe.

Le registre hollandien, que cela plaise ou pas, vient donc de prendre une nouvelle dimension, sous l'emprise de l'absolue nécessité d'agir, avec force.

Ce constat, justement, ne peut que déplaire à un Nicolas Sarkozy qui a fait, à la différence d'Alain Juppé, de François Fillon de François Bayrou, le service minimum, pensant bien sûr qu'il ne fallait pas laisser le champ libre au Front National, ne pas oublier l'objectif de gagner des régions, le 13 décembre prochain et de conserver le leadership de la droite. L'épreuve de vérité sonnera bientôt, lorsque le président devra réunir le Congrès pour entériner la réforme constitutionnelle. Il faudra la suivre de près, car la V° République donne au président la possibilité d'en appeler au peuple si le parlement ne la vote pas. Et, soyons certains que François Hollande qui reviendrait, ainsi, de fort loin ne peut pas ne pas y penser, lui, qui bien entendu, se prépare à une nouvelle candidature.

 

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