Chimie verte : recherches communes entre Poitiers et Shanghaï


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/05/2019 PAR Anne-Lise Durif

Depuis la création de l’E2P2L en 2011, les deux laboratoires s’échangent ponctuellement des données. Ensemble, ils ont réussi à valoriser une molécule issue des déchets de bois. « On a abouti à un composé qui va permettre de créer de nouveaux polymères, qui vont pouvoir remplacer des molécules biosourcées comme le pétrole », explique Stéphane Streiff, le directeur du laboratoire E2P2L (Poitiers). Ensemble, les deux équipes vont pouvoir continuer leurs études sur ce thème, et de manière plus générale, poursuivre en commun des recherches pour mettre au point des procédés chimiques respectueux de l’environnement, comme des solvants pour la cosmétique ou des polymères biodégradables. « Cette convention de partenariat sur cinq ans va permettre une complémentarité des connaissances, des ressources humaines – puisque nous allons pouvoir postuler à des appels à recherches au niveau européens et prendre des thésards, mais ça va aussi permettre une complémentarité sur les techniques, les outils et les procédés », poursuit Yannick Pouilloux, le directeur du laboratoire IC2M.

Un partenariat privé/public

Le site de Shanghaï possède notamment des équipements que le laboratoire de Poitiers n’a pas. Et pour cause : l’E2P2L est abrité sur le site chinois de l’entreprise chimique Solvay. Ce laboratoire a été co-fondé en 2011 par le CNRS et l’entreprise dans le but d’avancer main dans la main pour faire évoluer la recherche expérimentale.  Par cette nouvelle convention, Poitiers va indirectement profiter des atouts du site de Shanghaï. « Pour la recherche, le fait d’avoir un partenaire privé permet d’aller plus vite dans les étapes pour la mise en application concrète de ce que nous trouvons », explique Thomas Rogaume, le vice président en charge de l’innovation à l’université de Poitiers, « la recherche doit permettre le progrès de la société. Or il n’y a pas de recherche appliquée sans recherche fondamentale et inversement ». Autre avantage à ce partenariat public/privé : « Les appels à projets de recherches, en particulier au niveau européen, demande de plus en plus souvent un partenariat avec des industries, avec parfois une exigence d’application concrète à la fin. Nous serons plus fort ensemble pour aller décrocher ces financements », explique le directeur du laboratoire poitevin Yannick Pouilloux, qui y voit également un avantage pour ses étudiants : «Premièrement, cela va nous permettre de prendre plus de thésards, et donc de former plus de chercheurs. Deuxièmement, l’université n’a pas la capacité d’embaucher tous ses doctorants à la fin de leurs études. L’industrie est à la fois pourvoyeuse d’emploi et à l’avant poste de ce qui pourrait se faire demain en matière d’innovation… » Si Solvay permet au CNRS de bénéficier gracieusement de ses locaux de Shanghaï, elle co-finance également certains thésards, dont les deux parties choisissent ensemble les candidats.

Apporter de nouveaux défis

A ceux qui verraient une intrusion du privé dans des recherches financées par le public, dans un but de profit, la directrice adjointe scientifique du CNRS Claire-Marie Pradier répond : « Au CNRS, on fait la distinction entre la prestation et la recherche. Le programme de recherches est défini ensemble. De la gouvernance des recherches à l’usage des résultats, tout est très encadré par un accord mis en place en amont. Solvay n’est d’ailleurs pas la seule entreprise avec laquelle travaille le CNRS. Nous avons actuellement 7 partenaires industriels, sur les 44 sites CNRS dédiés à la chimie ».  « Par ailleurs, le CNRS est là pour nous amener des nouvelles idées ou thématiques de recherches auxquelles en tant qu’industriels nous n’aurions pas forcement pensé. Et nous, nous leur apportons nos défis », poursuit Patrick Maestro, directeur de la recherche et de l’innovation chez Solvay, « Les chercheurs qui publient avec nous travaillent sur des sujets sur lesquels ils n’auraient jamais travaillé sans nous. L’idée, c’est que tout le monde y gagne ».

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