Colloque Eau et solidarité internationale : « d’abord régler la question de la gouvernance »


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 10/12/2011 PAR Solène MÉRIC

L’eau, vitale, est paradoxalement la première cause de mortalité dans le monde. Elle est mortelle pour 8 à 10 millions de personnes par an. Deux chiffres appuient ce constat dramatique : 800 millions d’humains n’ont pas accès à une eau saine, et 2,5 milliards n’ont pas le moindre système d’assainissement ; pas même des latrines. La croissance incessante de la population mondiale et le réchauffement climatique, alliés à la pollution des eaux ne cessent d’aggraver la situation. 85% des eaux usées mondiales sont rejetées sans traitement dans la nature. 50% des fleuves et lacs de la planète sont pollués et 50% des zones humides ont disparu. L’ensemble de chiffres, livrés par Jean-François Donzier Directeur de l’Organisation Internationale de l’Eau (OIEau) dresse un constat alarmant. D’autant que selon l’expert, « on connaît les solutions pour améliorer la situation ». Il faudrait tout d’abord mettre en place une gestion de l’eau par bassin versant, des systèmes d’informations sur la ressource, des plan de gestion détaillés avec des objectifs à moyen terme et des programmes pluriannuels « réalistes au regard des moyens financiers et de la durée des projets »…Le tout non sans associer les populations à la prise de décision. Bref, la solution c’est la « gestion intégrée des ressources » prenant en compte usages, traitement des eaux, prévention des risques, etc…

« La cristallisation des conflits ou la paix »
Mais si les moyens techniques sont connus, les obstacles sont nombreux. Le premier d’entre eux est intrinsèque à l’eau elle-même : les bassins versants ne s’arrêtent pas aux frontières des Etats…En effet, « 276 fleuves et lacs dans le monde dépendent de bassins partagés entre au moins deux pays riverains » précise Jean-François Donzier.Ce qui, selon Mohamed Salem Ould Merzoug, ancien Ministre de la Mauritanie, Président de l’Assemblée générale du RIOB, et Haut-Commissaire de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, amène à deux types de réaction « soit la cristallisation des conflits, soit, et c’est beaucoup plus rare, la paix et de la solidarité entre les Etats ». Il n’y a pas selon lui, de gestion de bassin possible sans dialogue, ni consensus, avant toute politique de l’eau, « il faut d’abord régler la question des institutions et poser une règle du jeu claire et acceptée par tous », insiste-t-il.

« Plus d’argent disponible que de bons projets »Jean-François Donzier (OIEau) et Mohamed Salem Ould Merzoug (OMVS) lors du colloque 'Eau et solidarité internationale', Bordeaux le 9-12-2011
Une gouvernance indispensable non seulement pour l’utilisation solidaire d’un même fleuve dans différents pays, mais aussi pour la bonne gestion des crédits issus de la solidarité internationale. Selon Pierre Bailler, Président de l’association des Maires francophones, il est primordial que « les élus locaux comprennent que leur rôle est fondamental pour mener à bien des projets précis dans le cadre d’une coopération décentralisée ». Une idée reprise par Jean-François Donzier qui souligne qu’il y a au total « plus d’argent disponible que de bons projets ». Mais là encore, un élément explique ce « désintérêt » des élus locaux sur la question de l’eau : ils n’en ont tout simplement pas la compétence. Beaucoup d’Etats africains par exemple, ne sont pas décentralisés ou très peu, « les élus locaux, ne peuvent donc pas agir pour leur population ».

 Photos: Aqui.fr

Solène Méric

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