En Béarn, les légumes sortent de l’oubli


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/10/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Tout est parti d’une préoccupation liée à l’emploi des jeunes. Longées par un gave qui descend des Pyrénées, les communes maraichères de la plaine de Nay alimentent depuis des lustres les marchés de Pau en légumes. Une terre nourricière où il est pourtant difficile de trouver des bras.  Voici quelques années, des maraichers et des élus locaux ont donc souhaité créer un site permettant de former des personnes qui souhaitaient s’installer dans ce métier.

Des plantes préservées, des haies retrouvées

L’idée a intéressé le lycée agricole de Montardon. Un enseignement destiné à des adultes en réinsertion a été mis en place. Les élèves partageant leur temps entre des cours théoriques, une présence chez des professionnels et un travail effectué sur un terrain déniché à Assat.

Depuis, le projet a pris de l’ampleur. « Le relais a été pris par une association pour créer là un conservatoire des légumes anciens. Des plantes parfois méconnues que l’on peut découvrir à partir de semences de terroir et qui sortent du cycle proposé par les semences maraîchères habituelles. »

Dans le même temps, le jardin aménagé à Assat est devenu l’un des lieux d’accueil du Conservatoire régional végétal d’Aquitaine. « Son but est de préserver les ressources génétiques fruitières ainsi que le patrimoine local » explique Hubert Lassus-Pigat. « Car autrefois, les fruits et les légumes étaient beaucoup plus associés ».

La démarche passe, entre autres initiatives, par la reconstitution des haies. « En mêlant arbres et arbustes, celles-ci ont une haute valeur en termes de biodiversité. Les arbustes nourrissent les pollinisateurs que sont les oiseaux et les insectes. Les haies assurent aussi une protection contre le vent qui est devenu quasiment permanent dans notre plaine. Ce qui assèche le sol et empêche le développement des plantes ».

« Tout le monde parle d’environnement, mais on ne sait plus faire »

Plus de 120 variétés de légumes sont cultivées à Assat, entre autres plantes

Il y avait urgence à agir. « On s’en aperçoit vite lorsque l’on reçoit des visiteurs : une ou deux générations ont perdu le contact avec la nature. Ce manque de connaissance des plantes et des méthodes de culture est flagrant chez les urbains, et même chez les rurbains qui sont de plus en plus nombreux ».

« Tout le monde parle d’environnement. Mais on ne sait plus faire. Prenez les légumes bios. On ne mesure plus la contrainte de travail qu’ils imposent, le fait qu’ils demandent beaucoup d’attention et de temps.  Beaucoup de réflexes se sont également perdus ou bien ils ont été déformés. Pendant un temps, on a par exemple dit que la terre devait être labourée. Alors que, sur un jardin d’amateur, le labour profond peut être complètement évité si l’on ne veut pas bouleverser la biodiversité du sol ».

De là à rappeler l’importance d’éviter les produits chimiques, d’utiliser les fumures naturelles, de laisser des végétaux tels que  branches et brindilles se décomposer sur le sol ou encore d’alterner les cultures annexes entre les rangs de fruitiers, il n’y a qu’un pas.

« Un jardin, c’est un ensemble. C’est aussi un équilibre » aime-t- on rappeler à Assat, avant d’affirmer « qu’une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus ».

Pérasse de Nay et tétragone

Visites pédagogiques, conférences, stages… Pour l’année à venir, les projets ne manquent pas sur cet espace de 7 000 mètres carrés où sont cultivées près de 120 variétés de légumes, plus d’une centaine d’arbres fruitiers et 50 variétés d’arbustes.

Autant de plantes, locales ou d’origines diverses, qui racontent également les liens qu’elles ont entretenus de tous temps avec les hommes. Que ce soit sur le plan culinaire ou bien pour apaiser les maux dont ils souffraient : de la camomille à la guimauve, de la  verveine au thym, de la bourrache à la rhubarbe. Même les racines de chiendent ont eu leur utilité. Nos anciens en faisaient une décoction pour se désaltérer l’été.

D’autres par contre, sortent de l’oubli. C’est le cas la poire de terre, du panais, du cresson alénois  ou encore de la tétragone, qui était un épinard d’été. C’est aussi celui de cohortes de pommes : suzette, cassou, artigueloutan, bec de lièvre de Pau, rangotte, pérasse de Nay et l’on en passe.

Le piémont pyrénéen, terre propice au cidre, en regorgeait jadis. Qui s’en souvient ?

Pour en savoir plus : L’écrivain-paysan Bernard Bertrand animera un atelier « herbes sauvages » à Assat, le vendredi 21 octobre de 9h à 17h, le vendredi 21 octobre (tel 06 08 68 38 20). Une conférence et un film suivront à 20h30 sur « La révolution des sols vivants » , au CFAI de Bordes (près de l’entrée de l’usine Safran Helicopter Engines, ex Turbomeca)

Le site du Conservatoire des Légumes Anciens du Béarn est www.clab64.fr

A ne pas manquer « la fête de l’arbre et des fruits d’antan » les 26 et 27 novembre au Conservatoire Végétal Régional de Montesquieu en Lot-et-Garonne

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