En partie rouvert, le Pignada d’Anglet revivra dès 2021. Différemment.


Félix Dufour
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 06/08/2020 PAR Felix Dufour

Nous l’avons écrit, il y a un mois, jeudi 30 juillet, en fin d’après-midi, un incendie s’est déclaré à Anglet dans le secteur du stade Orok-Bat, avant de se propager au nord de la commune dans le quartier de Chiberta et la zone de La Barre. Après des heures de combat contre le feu qui ont mobilisé jusqu’à 200 sapeurs-pompiers et deux avions Canadair au plus fort du dispositif et dans des conditions difficiles (chaleur et vent), l’incendie a pu être maîtrisé le vendredi matin à 5 h 30.

La forêt d’Anglet, massif forestier urbain, unique au sud de la Nouvelle-Aquitaine, est un espace naturel. Sensible. Trois propriétaires – la commune d’Anglet (55,31 ha), le Conseil départemental (115,61 ha) et la congrégation des Servantes de Marie (48,49 ha) – veillent à sa destinée, L’Office national des forêts (ONF) étant en charge de sa gestion. Sept jours après la catastrophe, le bilan était le suivant : -100 hectares de pinède d’un seul tenant et 65 hectares de pinède et de jardins diffus ont brûlé, soit une bonne partie du Pignada qui compte 270 hectares ; -25 personnes incommodées ont été prises en charge par les services de secours ; -24 logements ont été touchés par le sinistre, dont 5 maisons partiellement ou totalement détruites par les flammes

« Nous avons dû faire face en premier lieu à des travaux d’urgence a souligné le maire Claude Olive. Tout d’abord des travaux de sécurisation dus à l’incendie, notamment autour des maisons, des voies, dans les secteurs qui en ont subi les conséquences, abattages d’arbres menaçants des maisons. Il a fallu élaguer, broyer et déblayer les sous-bois et assurer une bande de 20 mètres de sécurisation. »

Comme l’a également détaillé le maire, il existe trois secteurs de dommages: une partie qui a brûlé, une autre qui a « chauffé » dans le secteur nord du Pignada et une partie sud; heureusement indemne. Les deux premières, interdites d’accès ont nécessité la pause de 6 kilomètres de grillage. Dans l’état actuel des travaux d’urgence, les Collectivités auront déboursé 200 000 euros pour parer à l’urgence sécuritaire.

Une petite partie du massif réouvert… sous surveillance

Toutefois le maire a profité de ce point presse pour annoncer « rendre » au public, et aux Angloys en particulier, la partie indemne du Pignada. Elle se trouve au sud du massif. Entre le Club hippique et une voie verte transversale qui la délimite de la zone sinistrée. Un quart du domaine. Soit la zone située au sud de la voie verte menant de l’avenue de Chiberta au cimetière de Blancpignon. Un secteur intermédiaire – situé entre la zone incendiée et la zone qui sera ouverte au public – reste interdit d’accès car fortement impacté par les chaleurs de l’incendie. Le massif sera en tout état de cause interdit d’accès entre 21 heures et 6 heures du matin. Et soumis à une réglementation qui semblait d’évidence: pas de barbecue, ne plus fumer afin d’éviter de jeter des mégots, faire du caravaning, ou bivouaquer. Comme la chasse qui était jusque-là autorisée sur une petite parcelle sera interdite.

Le sous-préfet de Bayonne, Hervé Jonathan, a d’abord rappelé « le soutien dès les premières heures des autorités de l’État ».
Il faisait allusion au président Macron – par téléphone à Claude Olive – à la visite de la ministre de l’Environnement Barbara Pompili, (Ici devant les cendres d’Izadia, en présence du sous-préfet Jonathan, de Claude Olive et de l’adjointe à l’environnement, Valérie Dequeker) précédée de celle, dès le samedi, de la secrétaire d’État à la Transition écologique, Bérangère Abba.
 » Ce soutien se traduira concrètement par sa volonté et son aide à la renaissance, de la Forêt. Assorti d’une jolie formule pour définir la relation entre la forêt et ses « usagers »: « On n’use pas de la forêt, on la fréquente. Et on le fait avec précaution comme l’espace sensible qu’elle est. Nous avons des devoirs envers elle ».

 L’ancien maire: « Je suis devant Izadia et je pleure »

Alors que le maire Claude Olive est au PC, le lendemain matin de ce drame écologique, il reçoit un SMS de Robert Villenave, un de ses prédécesseurs: « Je suis devant Izadia et je pleure ». D’une superficie de 14 hectares, le parc écologique Izadia, classé en espace naturel, était un refuge pour la faune et la flore endémique et les oiseaux migrateurs. Il a subi de plein fouet les ravages de l’incendie, qu’il s’agisse de la faune et de la flore ou du bâtiment de la Maison du parc entièrement détruit par les flammes. Cet espace naturel emblématique de la commune conservera sa vocation première.

Ce message illustre tout l’émoi, le traumatisme ressenti par les Angloys lors de cet incendie. Et il n’est pas terminIncendie Chiberta Villenave et Adoé: « Les coupes que nous allons être obligés d’effectuer en seront un supplémentaire, annonce le maire. Il faut s’y préparer et informer, afin d’éviter un troisième la prolifération des scolytes. Comme le précisait Antoine Oberlé, responsable de l’unité territoriale de Bayonne à l’Office national des forêts. Ces hectares détruits ou blessé seront revus et aux pins qui depuis Napoléon III ont fait sa légende s’ajouteront vraisemblablement des chênes. « La Ville souhaite mener un programme de reboisement exemplaire de la forêt du Pignada en concertation avec tous les acteurs concernés : propriétaires, gestionnaire, associations, riverains et le soutien des collectivités territoriales et de l’État. « Nous replanterons la forêt, différemment, qualitativement en tenant compte non seulement de ce drame et des protections sécuritaires à mettre en œuvre dans une forêt urbaine, mais aussi des caractéristiques de ce massif boisé. Nous la ferons plus belle, plus sûre, plus adaptée aux conditions climatiques de notre temps », souligne encore le maire d’Anglet Claude Olive. « Nous régénérerons Izadia, sans rien soustraire de ses spécificités, de sa richesse florale et animale, de ses exigences environnementales, précise aussi le maire d’Anglet Claude Olive. Nous doterons ce parc d’un nouvel édifice, qui sera un signal d’intégration au paysage, en même temps qu’un exemple vivant des nouvelles techniques de construction durables, d’expérimentation de procédés innovants ».

 Ajudam Pignada pour rassembler dons et suggestions

L’émotion de ce sinistre a été telle que, dès le lendemain, des Angloys, des entreprises, des association se proposaient spontanément pour apporter des fonds pour aider à la reforestation. Le maire s’est alors tourné vers cet ancien premier élu, Robert Villenave, pour organiser cette solidarité. La devise de la ville d’Anglet étant gasconne « Ma è pignada per m’ayda » (« La mer et le Pignada pour m’aider. ») elle s’appellera « Ajudam Pignada » (« Aidons la Forêt). « Attention! Prononcer bien Ayudam » afin de respecter la langue a averti le président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre, – ici en compagnie de Robert Villenave et Claude Olive — copropriétaire au titre du département des Forêts du Pignada et du Lazaret voisin. Qui va être provisoirement fermé pour être à son tour, débroussaillé, toiletté …

« Outre des fonds déjà importants, notre association pourra faire remonter les propositions de personnes et d’autres associations du terroir », a averti Robert Villenave. (Sur notre photo ici en compagnie de la surfeuse Pauline Ado, marraine de l’association). Selon le vœu du maire: revenir vers les Angloys afin que cette forêt demeure la leur. Comme avant.

Comme un signe? Non loin de cette salle Orok Bat où se tenait ce point presse, en cet endroit même où un des foyers de l’incendie est s’est développé, un mois après, les fougères avaient repoussé..

Claude Oliveet Barbara Pompili devant Izadia.

 

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