Environnement | Energies renouvelables: des coûts à la baisse
25/01/2017 | L'ADEME a présenté une étude sur les coûts des énergies renouvelables en France à Bordeaux, dans le cadre des Assises de la Transition énergétique. Bonne nouvelle, c'est à la baisse.

Bruno Langevin en convient, "ça n'est pas une grosse surprise". Mais, la confirmation des coûts de plus en plus compétitifs des énergies vertes, est tout de même « une bonne nouvelle » pour le Président de l'ADEME. Notamment au regard des objectifs nationaux qui visent à porter la part des énergies renouvelables (EnR) de 14,6% actuellement à 32% de la consommation finale d’énergie en 2030. Dans son étude présentée ce 25 janvier, l'ADEME dresse pour la première fois un panorama complet de toutes les catégories d'EnR, choisissant d'afficher pour chacune d'elle, une plage de variation typique des coûts en fonction de paramètres impactants que sont les coûts d’investissement, la qualité de la ressource disponible et la perception du risque par les investisseurs. Si ces énergies affichent une compétitivité croissante, elles ne sont pour autant pas encore prêtes à se passer du soutien public.
Du point de vue de la production d'électricité par les EnR, l'éolien terrestre, avec une fourchette de coûts de production comprise entre 57 et 91 €/Mwh, apparaît comme le moyen de production le plus compétitif, selon le rapport de l'ADEME. En bonne position également, les centrales au sol photovoltaïques. Les plus compétitives d'entre elles, entrent également dans une concurrence directe avec les moyens conventionnels de production électrique, avec des coûtsde production compris entre 74 et 135 €/Mwh. « Deux filières dont les potentiels d’innovation sont très importants sur l’ensemble de la chaîne de valeur des projets, et particulièrement le photovoltaïque », signale le Président de l'Ademe. En effet, côté éolien les coûts de production des machines standards devraient baisser « d’environ 10 à 15 % à l’horizon 2025 ». Quant au photovoltaïque, dont les coûts d’investissements des centrales au sol ont déjà été divisés par 6 entre 2007 et 2014, « les coûts devraient continuer à baisser d’environ 35% à horizon 2025 ».
Autant de perspectives encourageantes pour l’évolution du fameux « mix électrique » français. Pour autant « le marché seul ne peut suffire pour encourager les porteurs de projets à investir, car qu'il ne permet pas de couvrir les taux fixes de tout investissement éventuel, qu'il soit d'ailleurs conventionnel ou renouvelable », prévient le Président de l'Ademe. C'est pourquoi le soutien public au développement des ces EnR, via des tarifs d'achats, ou appels à projets, reste encore indispensable pour susciter les investissements dans les énergies vertes, iniste-t-il.
Le bois énergie plus intéressant que le gaz
Du côté de la production de chaleur pour les particuliers, c'est la solution du bois énergie, avec une fourchette de prix entre 48et 103 €/Mwh, qui est la plus intéressante, « à condition, ajoute Bruno Langevin, d'utiliser le matériel le moins polluant...». Et pour cause, le gaz et l'électricité ont des coûts respectifs de 84 et 153€/MGW/h. Quant à la production de chaleur à destination des bâtiments collectifs, les coûts des EnR et notamment du bois et de la géothermie, restent légèrement supérieurs aux moyens conventionnels. « Les faibles coûts du gaz, ne sont pas stimulants pour que les porteurs de projet se lance dans les EnR, ce qui justifie, le maintien d'un système de soutien à travers le Fonds chaleur. Un fonds qui connaît d'ailleurs un certain succès, puisqu'il a été entièrement consommé en 2016 ».
Un soutien public qui s'avère donc encore indispensable pour poursuivre la baisse des coûts des énergies vertes, qu'elles soient déjà compétitives et matures ou encore à l'état de démonstrateurs, comme c'est le cas des énergies marines. Un soutien public qui se joue sur tous les fronts, l'idée étant bien à terme « de développer un bouquet énergétique diversifié, et non pas de rentrer dans une logique du tout l'un ou l'autre », appuie Bruno Langevin. Des soutiens qui doivent à la fois « garantir de la visibilité et de la stabilité sur les réglementations », pour rassurer les porteurs de projets mais aussi se doubler par « le maintien voire l'accélération du processus enclenché sur le coût du carbone, avec un objectif à atteindre 100€/t à 2030 en terme de taxe carbone», complète-il.
Autre élément qu'il relève comme nécessaire pour la poursuite du développement des EnR : « la bonne acceptation et appropriation des projets par les populations ». En ce sens, les financements participatifs autour des EnR, qui se multiplient avec un succès certain, lui apparaissent comme « un bon levier pour faciliter l'acceptabilité et l'intégration du projet dans un territoire ».
Par Solène Méric
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