Filière bio : ce sont les producteurs qui manquent le plus


Alors que la demande de produits bios continue de croître, l'agriculture bio ne suit pas, en particulier en France et en Aquitaine. Se heurte-t-on à un problème intrinsèque de la filière bio, ou s'agit il d'une conséquence du contexte politique actue

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Publication PUBLIÉ LE 12/06/2008 PAR Gilbert Garrouty

Si la demande de produits bios s’accroît, elle ne semble pas provoquer une hausse des prix susceptible d’encourager les agriculteurs à se tourner massivement vers ce mode production, d’autant que celui-ci est beaucoup plus compliqué, si ce n’est pénible, que l’agriculture conventionnelle, et surtout industrialisée, laquelle est largement mécanisable. Les problèmes de main d’oeuvre ne sont sans doute pas non plus étrangers à cette stagnation. Mais il y aussi le système des aides publiques nationales et européennes qui, comme l’a rappelé Jon Harlouchet, président de Bio d’Aquitaine, continue à ne consacrer qu’une part minime au bio. La région Aquitaine, comme l’a souligné Béatrice Gendreau, apporte quant à elle une large contribution au soutien de la filière. Aussi la vice-présidente de la Région n’est pas loin de s’indigner lorsque le Premier ministre annonce que la part de l’alimentation bio sera portée à 20% dans les administrations et collectivités tout en faisant l’impasse sur le financement.

On demande agriculteurs
Or, on se heurte bien à des problèmes de budget, les collectivités ayant par exemple, abandonné le porc bio de la coopérativedes Pays de Loire Erca-bio évoquée à Bazas par Thierry Le Villoux. Ce dernier indiquait également que la hausse du prix des céréales n’a pu être intégralement répercutée sur les prix de vente (grande distribution, filière spécialisée), et que le manque est de 35 centimes d’euros par kg de carcasses. Comme si on voulait bien du bio sans payer plus cher! En tout cas Arbio, dont le président est Patrick Grizou, affirme dans son rapport d’orientation, « que le rythme des conversions (passage de l’agriculture conventionnelle à la bio) ne suit pas » et « qu’il devient plus difficile pour les opérateurs de trouver des agriculteurs que des clients ». La consommation de produits bios représente 4,5 milliards d’euros en Allemagne (n°1) et 1,7 milliard en France, avec une progression de 10% en 2006 et 15% en 2007. Les opérateurs aquitains ont quant à eux vu leurs activités bondir de 25% en 2007.

La France 5e
Assemblée générale ARBIO à Bazas - GirondeEn ce qui concerne la production, la France n’est qu’au 5e rang après l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni. Si on prend en compte les surfaces consacrées au bio notre pays n’est qu’au 22e rang européen, et leur progression est insignifiante de 2004 à 2006. L’Aquitaine se situe quant à elle aux 10e rang des régions françaises. « Tant qu’il n’y aura pas de réorientation des aides de l’Etat, ce sera très dur! » a constaté Jon Harlouchet. Le témoignage d’Erca-Bio a cependant permis de cerner les éléments qui favorisent la reconversion des producteurs. D’autre part, la filière va devoir compter avec le nouveau réglement européen évoqué par Cécile Frissur (Synabio), ainsi qu’avec les impératifs du Grenelle, et de l’agriculture « durable ». Le règlement européen paraît en recul sur le système français en plusieurs points, mais selon l’intervenante, il peut être « un socle » qui n’interdit pas aux divers acteurs d’aller plus loin. Sur la question des OGM, en France on opte pour le seuil de détection, soit un maximum de 0,1% et des discussions ont lieu à ce sujet avec la DGCCRF.

Photo: Aqui, Cap21

Gilbert Garrouty

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