Gestion de l’eau: l’union, et l’urgence, font l’action dans le Sud-Ouest


Région Nouvelle-Aquitaine
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/10/2018 PAR Solène MÉRIC

Alors que le département de l’Aude en région Occitanie, s’est vu en quelques heures noyé sous les eaux, le bassin versant Adour Garonne enregistre à l’année, un déficit d’étiage de 200 M m³, avec 43 % de ses cours d’eau qui n’atteignent pas les objectifs d’étiage posé par le SDAGE. « C’est tout le paradoxe du changement climatique, il tombe autant d’eau qu’auparavant mais avec des événements climatiques d’une violence incroyable, note Alain Rousset. Le problème c’est que nous ne savons pas la retenir ». Un déficit qui a des impacts négatifs tant en terme de salubrité publique et d’eau potable, que sur les activités économiques, la qualité des eaux des fleuves et rivières et la biodiversité. Un déficit pouvant également être source de crises ou de conflits entre les différents usagers de l’eau qu’ils soient agriculteurs, citoyens ou industriels etc…

Et les perspectives, dans la droite ligne des avertissements du dernier rapport du Giec ou du rapport régional Acclimaterra, ne sont pas bonnes. D’ici à 2050, et au regard d’un scénario de réchauffement climatique « optimiste » de 2°C, les débits devraient encore baisser de 20 à 40% dans nos cours d’eau, les massifs montagneux devraient perdre 45 à 65% d’enneigement et le déficit hydraulique afficherait 1,2 milliard de m³… Si Martin Malvy reconnaît « qu’il sera totalement impossible de compenser ce déficit », l’objectif des 4 partenaires réunis ce 17 octobre à l’Hôtel de région de Nouvelle-Aquitaine est bien de limiter la casse au maximum et au plus vite… Pour ce faire, les deux régions à travers leur Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) respectifs et le Comité de bassin par son Plan d’adaptation voté en juillet dernier, en lien avec l’Etat, s’engagent dans « une stratégie commune en actant les mêmes solutions et les même choix. »

« Economiser et améliorer l’existant ne suffira pas »
Concrètement ce sont 5 axes qui sont désormais totalement partagés par ces acteurs, à commencer par « faire des économies d’eau, tout secteur confondu. Consommer moins, c’est prélever moins dans le milieu. Il faut aussi y veiller en ce qui concerne les fuites sur les réseaux d’eau. Sur le bassin, 1 litre sur 4 est perdu dans le Bassin, au plan national, c’est 1 sur 5 », précise le préfet Pascal Mailhos. Deuxième axe « profiter des capacités naturelles pour retenir l’eau et préserver la ressource », troisième axe : optimiser les réserves déjà existantes. Mais « économiser et améliorer l’existant ne suffira pas : on ne pourra éviter la création de retenues nouvelles », s’accordent les quatre intervenants, bien conscients que « c’est un sujet complexe qui engendre des oppositions farouches mais à propos duquel, il faudra avoir des discussions communes autour d’une même table ».
Enfin, il s’agira aussi pour les uns les autres, de soutenir l’émergence de nouvelles filières en s’appuyant sur les acquis de la recherche et des bonnes pratiques, et de lutter activement contre l’artificialisation et l’érosion des sols. « Notre modèle d’occupation de l’espace vide les centres-bourgs et détruit les espaces naturels et les terres agricoles. Désormais c’est l’équivalent d’un département qui disparaît tous les 5 ans sous le poids de l’artificialisation. Pour lutter contre ça, il faut notamment coordonner les politiques d’urbanisme et d’habitat, et sanctuariser les terres agricoles dans les SRADDET, comme l’a fait la Nouvelle-Aquitaine et s’apprête à le faire l’Occitanie », cite en exemple Pascal Mailhos.

L’eau, « grande priorité » du Sud-Ouest
Mais au-delà de ces 5 axes politiques communs quant à la préservation de la ressources, ce « 4 G », faisant de l’eau « une grande priorité du Sud-Ouest, vise aussi à la mise en œuvre de mesures immédiates ». Parmi elles, Martin Malvy retient notamment « la création d’une plate-forme constituée de 3 personnes pour rechercher et mettre en lumière les bonnes pratiques et expérimentations existantes dans le monde en faveur d’une meilleure gestion de la ressource ». Une plate-forme qui sera financée à 50% par le Comité de Bassin et 50% par les deux régions. Sur l’optimisation des réserves d’ores et déjà existantes, Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau Adour Garonne, estime, que celles-ci représentent actuellement une capacité annuelle de 166 M m³ d’eau, « on pourrait passer à 400 M de m³ chaque année ».
Sur les autres pistes particulièrement mises en avant, Carole Delga soutient quant à elle fermement la nécessité d’investir dans la réutilisation des eaux usées, et plus globalement sur la réfection du réseau d’eau usé. « Pour l’heure nous avons un système unitaire, mêlant eaux usées et eaux pluviales. Il faudrait passer à un système de collecte séparatif, qui permettrait des utilisations d’eau différentes . C’est une solution qui permettrait des économies, des économies en eau potable mais aussi amènerait à un redimensionnement à la baisse non négligeable des structure d’épuration d’eau, et donc une moindre artificialisation des sols. »
Pour autant, malgré la volonté forte affichée par ces acteurs politiques et institutionnels, une grande part de la gestion de l’eau (des barrages hydro-électriques, au traitement et réseau d’eaux usées) et donc des actions envisagées par cette entente, passent entre les mains et les infrastructures de grands groupes délégataires auprès desquels il faudra aussi obtenir gain de cause.

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