Cinq kilomètres de haies à planter chez neuf agriculteurs


Elles fixent les sol, retiennent l'eau, apportent de la biodiversité... Les haies, grâce à l'organisation de chantiers participatifs, font leurs grands retours dans les campagnes.

Pour l'agriculteur Arnaud Laurent (à gauche) l’opération est très intéressante au niveau financier et pour l’apport environnemental.Corinne Merigaud
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/02/2022 PAR Corinne Merigaud

Dans le cadre du programme « Plantons des haies en Nouvelle-Aquitaine » et du plan France Relance, neuf agriculteurs haut-viennois sont accompagnés par la LPO Limousin pour planter des haies à l’Est du département. Des chantiers participatifs vont se dérouler jusqu’au 17 mars, un appel est lancé aux bonnes volontés en Haute-Vienne comme sur l’ensemble de la région.

Alors que le thermomètre affichait -3°C au lever du jour, le gel n’avait pas découragé la quinzaine de bénévoles qui avait répondu à l’appel de la LPO. L’objectif de la journée : planter 820 arbres et arbustes sur la ferme d’Arnaud Laurent au lieu-dit « Le Mascrochet » à Champnétery.

Armés de leur pelle et d’une bonne dose de courage, ils ont bravé les conditions météo pour ce chantier participatif, le deuxième au Pays Monts et Barrages. Cet ambitieux programme s’inscrit dans une stratégie régionale. « La LPO a répondu à un appel à projet lancé par la DRAAF dans le cadre de France Relance », explique Laura Teysse, chargée de mission biodiversité à la LPO Limousin. « Neuf exploitants ont souhaité être accompagnés, ce qui permettra de replanter 5 km de haies en introduisant plus de 7 000 plants. »

Les fermes vont retrouver un peu leur aspect originel avec des parcelles à nouveau délimitées comme les anciens avaient pu les connaître. « A partir des années 60, le remembrement a entraîné un arrachage massif des haies poursuit-elle, 70 % ont disparu du bocage français au moment où l’agriculture est devenue intensive, il fallait que les machines passent… »


1 000 km de haies à planter dans la région

Si les agriculteurs étaient payés pour arracher les haies, ils bénéficient aujourd’hui d’un financement quasiment intégral avec un reste à charge faible voire nul. Et cela marche puisqu’en Nouvelle-Aquitaine, il était prévu de planter 1 000 km de haies en deux ans. « Un an après 80 % de l’objectif est atteint annonce-t-elle, au niveau national l’objectif est fixé à 7 000 km, le financement de France Relance est très incitatif. »

Les anciens avaient bien compris l’intérêt d’avoir des haies, intérêt balayé lorsque l’agriculture est devenue plus industrielle. Elles fixent les sols, retiennent l’eau et apportent de la biodiversité. « Les auxiliaires de culture colonisent les haies, ils s’y nourrissent et s’y reproduisent, ajoute Laura Taysse. Les haies restaurent aussi les corridors écologiques facilitant le déplacement des oiseaux. Elles servent également de tampons avec des exploitations voisines qui utilisent des produits phytosanitaires, leur système racinaire les filtre.»

La haie en cours de plantation se composera de trois strates, buissons, arbustes et arbres avec notamment houx, noisetier, églantier, sureau, cornouillers, charme, châtaignier, hêtre et frêne. Les plants ont été fournis par un producteur de Poitou-Charente.

Malgré le froid, la motivation et la bonne humeur étaient au rendez-vous pour la quinzaine de bénévoles venus planter des haies sur les terres d’Arnaud Laurentneuf à Champnétery

Protéger ses parcelles en bio

Arnaud Laurent connaît parfaitement les avantages que procure la haie. Depuis cet été, il a intégré le programme « Agriculture et biodiversité » de la LPO. Sur sa ferme de 43 ha reprise en 2015 et convertie récemment en bio, il élève 25 limousines et assure la vente directe. « Aujourd’hui, nous installons plus de 800 plants soit 600 m de haies, il y en avait encore un peu sur la ferme mais je voulais en remettre pour apporter de l’ombrage, pour me protéger du vent et pour attirer les oiseaux», énumère Arnaud. « Mais il s’agit aussi de faire frontière avec des parcelles traitées. Et cela apportera un peu de fourrage en été car certains arbres devront être taillés dans cinq ans comme les noisetiers. »

L’éleveur voulait également afficher son engagement dans une pratique plus respectueuse de l’environnement. « C’est aussi en réaction à la destruction massive des haies, j’avais envie de faire une action à mon niveau après une campagne de deux ans de coupes » déplore-t-il.


Premiers oiseaux attendus dans trois ans

Les plants ont été trempés dans du plantin pour protéger les racines.

Avant l’arrivée des bénévoles, il avait préparé ses parcelles en créant deux bandes de 2 m de large et 40 m de long. L’opération lui aura coûté quelques litres de carburant pour préparer le terrain avec deux passages de charrue et un pour le rotovator. « Le financement est intéressant sinon j’aurais dû payer 2 000 € à 3 000 € pour les plants. La clôture électrique a été fournie pour repousser l’appétit des chevreuils ainsi que douze tonnes de paille. »

Arnaud a juste préparé le plantin pour protéger les racines, un mélange de bouses de vaches, d’argile et de lithothamme pour apporter minéraux et oligoéléments. Un arrosage sera nécessaire la première année.

Guy Labidoire était ravi de participer. « Beaucoup d‘espèces d’oiseaux vivent dans ce milieu et dans trois ans, le groupe des fauvettes et les grives seront les premières espèces à y nicher. Un réseau de haies constitue parmi les habitats les plus riches en nombre d’oiseaux et variétés d’espèces avec des baies en quantité », assure cet ornithologue.

La mine réjouie, Charlène vient de mettre en terre son premier plan, un moment qu’elle n’aurait pas manqué. « Dans le cadre de mes études agricoles, j’ai fait un stage chez Arnaud, je me suis donc inscrite. C’est très satisfaisant de participer à ce chantier, le premier d’une longue lignée j’espère bien !»


INFO EN + : Le prochain chantier participatif aura lieu le 17 février à la Ferme de Belleprade à Champnétery. La liste est à retrouver sur le site de la LPO limousin-lpo.fr.(Inscriptions : 06 20 82 93 68)


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