Incendies de forêt : « Le risque n’est pas éteint, il y a encore des craintes à avoir »


RB
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/08/2015 PAR Romain Béteille

L’hélicoptère de surveillance des pompiers a décollé, ce matin, peu après dix heures près du bâtiment de la société Detexial qui avait fait office de PC Sécurité pour les soldats du feu lors de l’incendie qui a ravagé 572 hectares de forêt de pins, déclaré officiellement éteint le 29 juillet dernier. Bilan : 733 personnes évacuées, 665 pompiers, dont plus du tiers, provenant d’autres départements un peu partout en France. L’hélicoptère a survolé la zone de Saint-Jean D’Illac et de Pessac avant de revenir pour une visite ciblée des zones parmi les plus touchées par le feu. Des arbres rasés, des fossés noircis par le feu. Sur certaines routes, des habitations touchent quasiment la zone de l’incendie, et font clairement office de miraculées. Au détour d’une route communale, à l’entrée d’une propriété, un drap blanc avec un message de remerciement aux pompiers encore placardé, en signe de soutien. 

Le feu est éteint, le risque reste importantLes blessures sont encore vives, mais le massif forestier n’est pas totalement à l’abri d’une réplique dans le courant de l’été comme l’a rappelé Jean-Luc Gleyze. « Cet incendie est un cas d’école, car il se situe à très grande proximité de zones d’habitation. L’extension des agglomérations amène à voir des maisons s’approcher des lisières forestières. Cet incendie est aussi intervenu dans une forêt en fort renouvellement. Les deux tempêtes que nous avons connues depuis 1999 ont amené des repeuplements majeurs. Cela a entraîné l’installation de semis sur des surfaces très importantes qui coupent avec l’hétérogénéité des plantations que l’on connaissait autrefois. C’est un facteur de risque important présent aujourd’hui, et qui le sera encore plus dans l’avenir puisque des surfaces recoupées vont certainement être ressemées demain. Le risque n’est pas éteint, il y a encore des craintes à avoir », a notamment précisé l’élu. 

Pourtant, selon Alain David, maire de Cenon et Président du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours), les moyens mis en place ont déjà mis la barre au maximum, même si des problèmes restent encore à régler. « Au niveau des services et des moyens, nous sommes déjà au maximum. Les équipes sont bien préparées, mais nous avons encore à imaginer une plus grande proximité du stationnement des moyens aériens. L’État a fait l’effort de stationner les canadairs à Mérignac en période très sensible, mais c’est insuffisant. Il y en a une dizaine en tout en France, dont la majorité se situe dans le sud de la France. C’est loin d’être suffisant », déplore-t-il.

Une table ronde de prévention fin septembreAutre point noir dans la gestion de l’incendie : l’intervention de nombreux véhicules provenant d’autres départements pour faire face à l’extension. « Dans le plus grand massif de résineux d’Europe, j’ai beaucoup de mal à comprendre que nous ayons à faire venir des moyens d’autres départements avec un temps de déplacement qui peut durer plusieurs heures. Nous avons d’ores et déjà programmé une réunion courant septembre avec l’ensemble des services de l’Etat et les élus des communes impactées, pour analyser les marges de progrès à accomplir », a indiqué le président du Conseil départemental de la Gironde. La réunion en question prendra la forme d’une table ronde, et ce « dès que l’Ordre départemental “Opération feux de forêt” sera levé », indique la préfecture.

Elle devrait notamment réunir l’État, l’association de Défense des Forêts Contre l’Incendie (DFCI) Aquitaine et les responsables des communes de Saint-Jean-d’Illac, Pessac et Cestas. « Nous devons sensibiliser les maires, travailler collectivement avec l’État en tenant compte des documents d’urbanisme communaux. Nous pouvons également travailler avec les propriétaires, les syndicats forestiers et la DFCI pour poser progressivement des jalons vers ce qui pourrait être un Plan de Protection des Incendies de Forêt, comparable à ce qui existe déjà pour les inondations, pour faire en sorte que demain, un nouveau cadre général soit respecté par tous ». 

Un département particulièrement impactéLes actions et mesures prises devraient être connues dans les prochains mois. En attendant, la Gironde n’est pas épargnée puisqu’elle reste le département français où l’on comptabilise le plus de départs de feux (plus de 150 depuis janvier dernier) et la situation de sécheresse n’aide pas non plus. Le récent incendie de forêt à Saint Symphorien ce dimanche qui a brûlé une quinzaine d’hectares, a rapidement été maîtrisé, car les moyens étaient là dès le départ. Pour Alain David, les nouvelles constructions, souvent au cœur de la forêt, sont également une partie du problème. « Aujourd’hui, on a construit pour des raisons environnementales au milieu de la forêt. Certaines maisons sont même enclavées. Ce sont de véritables dangers qui menacent à la fois les habitants mais aussi ceux qui vont les secourir. Il va donc falloir mettre en place une règlementation beaucoup plus stricte et réfléchir à des périmètres ». 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! ENVIRONNEMENT > Nos derniers articles