L’Agenda 21 fête ses 10 ans : Julie Chabaud raconte


Lucy Moreau
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2014 PAR Lucy Moreau

@! : Bonjour Julie Chabaud, pouvez-vous définir qu’est-ce que l’Agenda 21 ?
Julie Chabaud :
L’Agenda 21 c’est un projet territorial de développement durable qui a été inventé au sommet international de Rio en 1992. Les chefs d’Etats se sont aperçus qu’il y avait des interdépendances entre les problèmes climatiques, les problèmes de biodiversité et les problèmes de pauvreté, mais aussi les problèmes démographiques, alors que les populations étaient traitées séparément. Un programme d’action international a été lancé : l’Agenda 21 mondial, qui s’est décliné en plusieurs protocoles sectoriels comme Kyoto sur le climat, Nagoya sur la biodiversité, Barcelone sur la culture, etc… Mais le problème, quand on travaille seulement sur des secteurs, c’est qu’ on ne peut pas appréhender le problème dans son ensemble. Les chefs d’état ont donc mis dans la déclaration internationale de Rio le fait que finalement si on voulait prendre le problème avec toutes ses interdépendances, c’était au niveau local qu’il fallait agir. C’est là que sont nés les Agenda 21 locaux. Désormais, que l’on soit dans une petite commune de 500 habitants ou à la tête d’un département, l’Agenda 21 vise cinq finalités qui permettent de dialoguer entre les différents niveaux de collectivité : la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources, la cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations, l’épanouissement des êtres humains,  et une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables.

@ ! : Quels sont les acteurs de cet Agenda 21 ?
J.C :
Déjà dans une collectivité, tout le personnel en interne (agents, élus, cadres, représentants du personnel…). Ensuite il y a tous les partenaires institutionnels comme la Région, la CUB, la MSA, les chambres consulaires, etc…  Puis toutes les autres collectivités infra-départementales comme les communautés de commune, les communautés d’agglo, les communes, métropoles… et les partenaires supra-territoriaux : les protocoles internationaux, l’Europe, l’Etat national, les régions…

Mais également toutes les associations et collectifs citoyens qui d’ailleurs sont de plus en plus nombreux à se mobiliser sur un sujet donné. Et pour finir les établissements scolaires, les entreprises, et la population.

@ ! : Justement comment faire pour intégrer la population au débat ?
J.C :
On le fait de plusieurs manières. Tout au long de la construction de l’Agenda 21, il y a des temps de participation citoyenne. On fait des rencontres sur le territoire sous forme d’atelier pour se mettre d’accord sur les priorités. On se doit de prendre la température sur le territoire pour justifier pourquoi on fait certaines choses.

@ ! : Comment le cheminement d’une idée arrivet-elle jusqu’à la mise en œuvre ?
J.C :
On a plusieurs instances et plusieurs moyens. On a la méthode spirale où on travaille sur qu’est ce qui fait le bien être pour les gens et qu’est ce qui fait leur mal-être ? Et donc qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer tout ça… ? Ceci débouche, en général, sur des programmes d’action avec eux, en action directe avec des choses qu’on peut réaliser tous ensemble. Il faut démontrer aux gens qu’ils ont le pouvoir d’agir… Puis il y a des travaux un peu plus institutionnels. Hier, par exemple, j’étais avec des personnes de l’ONU qui s’occupent des objectifs du millénaire, mais aussi avec le ministère et les réseaux d’associations de société civile. On a travaillé sur la définition des leviers de transformation des éléments de blocage. Le pouvoir d’agir est présent à toutes les échelles.

@ ! : Cela fait 10 ans que l’Agenda 21 a été mis en place en Gironde, qu’est ce qui a évolué, et qu’est ce qui demeure inchangé ?
J.C :
Ce qui a évolué est la manière de travailler en intégrant le développement durable. C’est désormais rentré dans le logiciel du département. Mais on a de moins en moins de ressources financières. Alors qu’on en a vraiment besoin dans certains cas, notamment par rapport au logement… Après le poids des lobbies n’a pas évolué. Nous ne sommes pas encore en rupture pour qu’on puisse faire tous ce que l’on désire. À un moment donné la filière énergie renouvelable était partie à « fond les gamelles », et elle s’est faite casser sous la pression des lobbies. Le vieux système résiste, d’autant plus fort qu’il sait qu’il est fini… C’est pour cela que l’on a besoin de la puissance du collectif et de ses mises en action à tous les niveaux parce que nous, on n’a pas des milliards de dollars…

@ ! : Comment expliquez-vous que des beaux projets de développement durable, préservation de la biodiversité sont effectués et qu’en parallèle, le conseil général peut apparaître en contradiction avec cet agenda 21 en soutenant des projets tels que la LGV par exemple… ?
J.C :
C’est comprendre qu’à chaque fois qu’il y a des choix, une hiérarchie d’importance est établie dans les décisions. Aujourd’hui l’emploi, aussi fallacieux puisse-t-il être parfois, est un argument qui écrase tout le reste. On n’a pas changé le logiciel de la croissance économique, alors que ce système-là a échoué, et on sait bien que c’est fini. Mais le problème c’est que les trois quart des gens qui sont dans les équipes de réflexions ont été formés au vieux logiciel de la croissance des années 80… Donc voilà, les mêmes décideurs peuvent à la fois très bien intégrer le référentiel du développement durable et au moment où sur leur territoire il est question d’activité économique, ils lâchent…malheureusement c’est ainsi que ça se passe, éspérons qu’un jour ça puisse changer !

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