L’homme de Néanderthal n’a pas disparu à cause du changement climatique, mais de l’homme moderne


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 26/12/2008 PAR Nicolas César

Quand Homo sapiensarrive en Europe il y a 40 000 ans, cela fait longtemps que Homo neanderthalensisy est présent. Les deux populations vont vivre à des chronologies semblables sur les mêmes territoires. Puis, Néanderthal disparaît. Comment expliquer cette extinction ? Les hypothèses foisonnent et divisent les scientifiques. Aujourd’hui, une équipe multidisciplinaire franco-américaine, composée de William Banks du laboratoire « De la préhistoire à l’actuel : culture, environnement et anthropologie » (CNRS/Université Bordeaux 1), de ses collègues en France, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, apporte un éclairage nouveau. En effet, ces chercheurs montrent qu’en dépit de la détérioration climatique, appelée événement Heinrich 4, « les néanderthaliens auraient pu continuer à occuper les mêmes territoires si les hommes anatomiquement modernes ne les avaient pas investis », souligne un communiqué du CNRS.

Une nouvelle méthode de recherche

En clair, ce serait donc la compétition avec les hommes modernes qui serait à l’origine de l’extinction des néanderthaliens. Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont reconstitué le climat de l’époque et analysé la dispersion des sites occupés par les derniers néanderthaliens et les premiers hommes modernes avec un algorithme appelé GARP. Ce dernier était utilisé jusqu’à présent pour prévoir l’impact des changements climatiques sur la biodiversité. Son emploi par les archéologues, modélisateurs du climat du passé, paléoclimatologues et écologues a permis de prendre en compte la localisation des sites archéologiques datés par carbone 14, les informations géographiques et les simulations à haute résolution des différents climats en Europe par le passé. Grâce à cette méthode originale et performante, les chercheurs ont identifié les territoires occupés par les premiers homo sapiens arrivant en Europe et les derniers néanderthaliens. Ils ont pu comprendre le rôle de chaque facteur climatique dans leurs distributions respectives.

Selon cet algorithme, les hommes modernes ont occupé des territoires allant jusqu’à une frontière méridionale marquée par la vallée de l’Ebre pendant la phase froide (H4) puis ont investi le sud de la péninsule ibérique au cours de la phase tempérée suivante (GI8). L’étude conclut que les néanderthaliens du sud de la péninsule ibérique auraient été les derniers à disparaître, car ils auraient été préservés de la compétition directe avec les hommes modernes par la phase froide, au cours de laquelle les deux populations auraient exploité des territoires distincts. La thèse prônée par certains chercheurs, selon laquelle la disparition des hommes de Néanderthal serait dûe au refroidissement du climat et à leur incapacité à adapter leurs méthodes de chasse n’est donc plus d’actualité.

Nicolas César


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