La première centrale flotovoltaïque de la région inaugurée dans la Vienne


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/10/2020 PAR Julien PRIVAT
Flotovoltaïque, un drôle de mot. « Nous l’avons déposé », précise immédiatement Typhaine Buors, responsable communication externe de Sorégies. Flotovoltaïque donc comme des panneaux photovoltaïques qui flottent. Une idée originale, qui a vu le jour au plan d’eau des Groillons sur le site de la carrière du Rochereau à Saint-Maurice-la-Clouère, à 25 kilomètres au Sud de Poitiers dans la Vienne. Ce mardi 6 octobre, après un peu plus d’un an de chantier, c’était l’inauguration de ce vaste champ de panneaux photovoltaïques. Malgré la grisaille, la luminosité est suffisante pour produire un peu d’électricité, environ 600 kw. Cette centrale de panneaux photovoltaïques flottants fonctionne depuis le début du mois de septembre.
 
Des panneaux sur l’eau 

Pour distinguer ces panneaux, il faut s’approcher d’un plan d’eau. L’ancienne carrière est située en contre-bas de la route. L’installation est impressionnante. La roche est claire  par endroit, trace d’un passé récent d’extraction de pierres. Les 7 992 panneaux sont serrés les uns avec les autres. Les lignes sont tirées au cordeau. On a même l’impression qu’ils sont à plat. « L’inclinaison est assez faible pour capter le plus de luminosité, confirme Hervé Lecomte, directeur des opérations à Sergies, entreprise du groupe Sorégies, spécialisée dans l’aménagement et l’exploitation de moyens de production d’électricité, exclusivement avec de l’énergie renouvelable.
Pour accéder à ces panneaux, il y a des flotteurs. Chacun d’eux peuvent supporter une charge de 80 kilos, ce qui permet aux techniciens d’intervenir sur les boîtiers disséminés sur l’installation ou directement sur un panneau qui serait défaillant. « On ne prévoit pas d’aller sur l’eau souvent, mais un cheminement est possible. Il est assez statique », rassure Hervé Lecomte lors de sa présentation. Les techniciens sont évidemment équipés de gilets de sauvetage et ne peuvent intervenir quand les conditions météorologiques ne sont pas réunies. Si les panneaux ne couvrent pas l’ensemble de la surface du plan d’eau (seulement 3,1 hectares sur les 4,5 de surface d’eau), c’est pour une seule et bonne raison. « Il y a une variation du niveau de l’eau en fonction de la saison. Cela oscille entre 4 et 6 mètres », poursuit Hervé Lecomte. Cette carrière est reliée à la nappe et selon les saisons, la sécheresse ou les crues, cela varie. Cette installation est solidement harnachée sur les bords et au fond du lac. « Les panneaux et les flotteurs sont ancrés à l’aide d’un filin métallique dans la roche. Cela permet de stabiliser la structure. Il fallait assurer le mouvement tout en continuant la production d’électricité ». Et concernant le vent… « Les panneaux résistent à des pointes de plus de 250 km/h ». Ce système de flotteurs ainsi que celui d’ancrage des panneaux solaires sont développés et fabriqués par une l’entreprise lilloise Ciel et Terre depuis quasiment dix ans. 
 
Le président du syndicat énergies Vienne, le maire de Saint-Maurice-la-Clouère, le président du directoire de Sergies, la directrice générale GSM, entre autre, ont inauguré ce mardi 6 octobre la centre flotovoltaïque
Le président du syndicat énergies Vienne, le maire de Saint-Maurice-la-Clouère, le président du directoire de Sergies, la directrice générale GSM, entre autre, ont inauguré ce mardi 6 octobre la centre flotovoltaïque
Réhabiliter une ancienne carrière

Cette centrale flotovoltaïque est la première en région Nouvelle-Aquitaine et la deuxième installation française. L’autre centrale est située à Piolenc au Nord d’Orange (dans le département du Vaucluse). Elle est installée sur un lac artificiel de 50 000 hectares qui accueille 47 000 panneaux solaires pour alimenter près de 5 000 foyers. Cette centrale solaire flottante a été inaugurée l’an dernier en octobre 2019. A Saint-Maurice-la-Clouère, le projet a émergé, il y a plus de trois ans. Michel Pain était alors le maire de la commune de 1 300 habitants. « Il fallait trouver un moyen de réhabiliter ce site », se remémore-t-il. Il y a eu des propositions parfois un peu farfelues selon lui. « Un étang de pêche, un mur d’escalade, une fausse de tir. Beaucoup de choses irréalistes ou irréalisables, poursuit l’ancien premier magistrat de la commune du Sud Vienne. Cependant le conseil municipal a immédiatement été emballé par ce projet. » Valoriser cet espace artificialisé en développant des énergies renouvelables. Voilà ce qu’ont présenté Sergies et GSM, producteur de granulats. 
« Ce site de la carrière du Rochereau a servi notamment pour la production du béton des ouvrages d’art pour la ligne à grande vitesse entre Paris et Bordeaux. La qualité du réaménagement fait partie de notre politique. Produire des énergies renouvelables ici était un bon projet », confirme Sylvie Berhault, directrice générale de GSM. Sergies a donc mis tout en place pour développer ce projet de panneaux flotovoltaïques. « Ce plan d’eau n’était pas pratique pour des activités de loisir, explique Hervé Lecomte. Installer une centrale flotovoltaïque ici n’a pas trop d’impact sur la biodiversité ».
Visiblement ce projet de centrale solaire flottante fait plus l’unanimité par rapport aux champs éoliens… La qualité de l’eau sera régulièrement vérifiée. Les flotteurs sont en polyéthylène haute densité, une matière qui ne présente aucun risque sur les réserves d’eau. « La nature reprend ses droits, confirme le nouveau maire Saint-Maurice-la-Clouère, Laurent Doret. Les ragondins ont commencé à revenir et les canards bientôt feront de même ». Avant de conclure : « Tout a été très vite mais on n’est pas peu fiers d’accueillir la deuxième centrale solaire flottante ».
 
Un peu moins de 8 000 panneaux photovoltaïques sont installés sur les 4,5 hectares du plan d'eau des Groillons à Saint-Maurice-la-Clouère dans la Vienne
Un peu moins de 8 000 panneaux photovoltaïques sont installés sur les 4,5 hectares du plan d’eau des Groillons à Saint-Maurice-la-Clouère dans la Vienne
 
Côté production d’électricité, ces panneaux photovoltaïques fabriqués par l’entreprise locale châtelleraudaise VMH Énergies vont permettre de produire chaque année 3 300 mégawatt. L’équivalent de la consommation d’électricité de 700 foyers (environ 1 400 habitants, soit autant que la commune de Saint-Maurice-la-Clouère). La durée de vie des panneaux est assez importante, puisqu’elle est de trente années minimum. Qui plus est, ils sont entièrement démontables et recyclables. On le sait moins, mais les panneaux photovoltaïques, ça chauffe, ce qui diminue  un peu la productivité. Pour un meilleur rendement donc, le refroidissement des modules se fait naturellement par l’eau. 
 
Une part de financement participatif

Cette installation a coûté 3,5 millions d’euros. Un financement soutenu en partie par la banque européenne d’investissement et par un financement participatif de 150 000 euros mené par la plateforme rochelaise Lumo. La centaine de souscripteurs était locale à 100%, originaires soit de la communauté de communes, soit de la Vienne. « La levée de fonds est terminée aujourd’hui », indique Emmanuel Julien, président du directoire de Sergies. En à peine plus de trois mois, (ce financement participatif a été ouvert en juillet dernier), la somme a été atteinte.
 
Avec la centrale flotovoltaïque de Saint-Maurice-la-Clouère, Sergies assoie sa position de premier producteur public d’énergies renouvelables en Nouvelle-Aquitaine. A son actif, 13 parcs éoliens, 400 000m2 de panneaux photovoltaïques (toiture, sol et désormais eau), des participations dans trois unités de méthanisation agricole. « Cela confirme notre orientation vers de l’énergie 100% renouvelable à l’horizon 2050, appuie Emmanuel Julien. Cette centrale flotovoltaïque est une inauguration forte. Elle permet d’éviter le rejet de 1 000 tonnes de CO2 par an. C’est significatif. Il faut que nous veillons à générer le moins d’impact possible. » Les réalisations de Sergies permettent une production de 361 gigawatt-heure soit 43% de la consommation des clients résidentiels du territoire du syndicat d’énergies de la Vienne. C’est déjà au-dessus de l’objectif fixé par la loi sur la transition énergétique qui est d’atteindre, au niveau national, 32% d’énergie renouvelable d’ici 2030. 
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