« Quand il fait plus de 34°C arrosons afin de créer un effet oasis ! » Jean-François Berthoumieu


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/07/2015 PAR Sybille Rousseau

@qui ! : Comment est né le Cluster « Eau et Climat »* ?
Jean-François Berthoumieu :
L’agglomération d’Agen nous a demandé de réfléchir à la création d’un Cluster autour des problématiques climatologique et développement économique. Depuis l’automne 2013, nous y travaillons. Durant cette période nous avons constaté qu’il existait déjà des travaux de réflexion autour de l’idée « arrêtons d’utiliser de l’eau en période de canicule car cela augmente les îlots de chaleur ». Nous avons décidé d’aller à l’encontre du discours ambiant et au contraire de dire « arrosons en pleine période de canicule afin de créer un effet oasis ».

@qui ! : Comment cela ?
J-F Berthoumieu :
En fait, nous préconisons d’économiser l’eau jusqu’à 32-33°C. Par le biais de différents procédés nous pouvons gérer notre consommation d’eau par exemple en pilotant l’irrigation. Mais si le mercure atteint les 34°C mieux vaut utiliser l’eau stockée afin de rafraîchir l’atmosphère. Et c’est possible si nous nous assurons de mieux gérer notre ressource en eau. « Stocker l’eau des ruissellements » @qui ! : De quelle manière pouvons-nous mieux gérer cette ressource ?
J-F Berthoumieu :
La ville d’Agen produit 8000 m3 d’eau/jour qui sont rejetés dans le fleuve Garonne. Cela équivaut à 200 hectares de vergers irrigués à 32°C au lieu de 45°C. Il faudrait trouver des systèmes de stockage et de filtration afin d’utiliser cette eau, la stocker l’hiver et l’utiliser l’été. Aussi, nous savons que le ruissellement est important. Alors pourrait-il être infiltré dans les nappes alluviales qui ont besoin d’au moins 450ml pour bien remonter ? En plus, cette eau est de très bonne qualité, meilleure même que l’eau qui nous vient des lacs de hautes montagnes. Profitons donc des crues de la Garonne pour réalimenter nos nappes alluviales et ainsi faire perdurer la végétation.

@qui ! : Donnez-nous un exemple concret des conséquences de la santé des nappes alluviales sur notre quotidien.
J-F Berthoumieu :
Regardez les arbres qui se situent au Gravier à Agen. Ils n’ont pratiquement plus d’eau. Ils pourront toujours vous abriter un peu du soleil mais ne comptez plus avoir un peu de fraîcheur… Si les nappes alluviales étaient plus fournies, les arbres et autres végétaux souffriraient moins et nous aussi ! « Renforcer le rafraîchissement naturel » @qui ! : Le cluster « Eau et Climat » réfléchit donc à ces actions actuellement, mais est-il écouté par les Pouvoirs publics, car ce sont eux qui peuvent décider de la mise en place de moyens pour mieux gérer les ressources en eau ?
J-F Berthoumieu :
Le Conseil départemental de Lot-et-Garonne nous suit dans notre projet, souhaite nous aider mais aimerait toutefois voir une démonstration de ces procédés. Également actuellement nous tentons de rencontrer l’agence de l’eau. Le Conseil régional, de son côté, se dit très intéressé par ces actions. L’Agglomération d’Agen nous soutient bien entendu. Enfin, le 2 septembre prochain, nous avons rendez-vous avec la ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole afin de présenter ces actions étayées par un exemple concret sur la capitale girondine.

@qui ! : Le Cluster « Eau et Climat » s’enrichit aussi des travaux de Clusters voisins.
J-F Berthoumieu :
En effet, avec la nouvelle grande région qui va se créer, nous avons profité de cette occasion pour nous rapprocher d’un Cluster autour de la problématique de l’eau qui s’est créé à Limoges. Les membres de ce Cluster sont plus spécialisés dans la chimie et la qualité de l’eau. Nous, nous travaillons davantage dans la gestion de la ressource en eau notamment dans le pilotage de l’irrigation. Cela peut être très intéressant de confronter nos idées et s’enrichir mutuellement. Et à l’ACMG je travaille avec des Espagnols et des Portugais qui eux aussi rencontrent cette problématique climatologique. Ils m’ont d’ailleurs appris que le Micocoulier a plus d’effet en période de canicule que le cèdre, car il résiste mieux aux fortes chaleurs et au froid de l’hiver.
*Les 21 acteurs économiques qui participent au Cluster « Eau et Climat » :
Enseignement supérieur et Recherche : Laboratoire IMS, IFTS (Institut de la Filtration et des Techniques Séparatives), ACMG (Association Climatologique de la Moyenne Garonne), Bordeaux INP (INstitut Polytechnique de Bordeaux) et CEA Tech Aquitain.
Les entreprises : AGRALIS, Ingénieurs Conseil Bureau d’étude en environnement, Irrigaronne, Sohé Groupe Europe, Technagri France, Laboratoires des Pyrénées, Delta Sud, Airbiosol’O, Corhize, VEOLIA, EDF, ELECTROMONTAGE et le Groupe BLV2.
Les collectivités et acteurs du développement : la CCI 47, l’agglomération d’Agen, Aquitaine Développement Innovation, Gascogne Environnement et le GIE Thematik’Eau.



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