Environnement | Le Corentin ou le renouveau du transport à voile
26/10/2016 | Le Corentin, un lougre parti de Douarnenez le 18 octobre a fait escale pendant trois jours (du 21 au 24 octobre) au Ponton d’honneur sur les quais de Bordeaux.

Venue proposer ses marchandises aux Bordelais et emporter des barriques de vin, cette réplique d’un lougre de l’Odet de 1840 a été construite à l’identique par la ville de Quimper en 1992. C’est un bateau de 18 mètres (32 mètres hors tout). La particularité des lougres est d’avoir un faible tirant d’eau (2m50 pour le Corentin) afin de pouvoir remonter les cours d’eau. On en trouvait du Maroc à la Norvège. Ses voiles sont carguées ce qui lui permet d’avoir un équipage réduit (trois marins professionnels et cinq équipiers). « Les voiles carguées, on les ramasse comme des rideaux le long des mâts », selon Jean-Yves Le Coz, l’affréteur du Corentin.
Parti de Douarnenez, le lougre a chargé des conserves de poisson à l’île d’Yeu ; à Bordeaux il proposait du whisky ainsi que du rhum de Marie-Galante et du café de St Domingue, convoyés depuis les Antilles jusqu’en Bretagne par de plus gros voiliers affrétés par leur partenaire, la société Towt (Trans Oceanic Wind Transport).
Quant au vin, il est meilleur quand il est transporté car il est brassé en continu dans sa barrique tout au long du voyage. A la fin du 17e siècle, les Anglais évoquaient déjà cette particularité dans leurs écrits. Le vin bio embarqué est un crû 2015 « Château Le Puy ». Après une année en mer, il en passera une autre en cale avant d’être revendu lors d’un prochain voyage « à voile » vers l’Angleterre après être passé par l’Espagne, Madère et les Açores (le thé).
Le lougre Corentin fait du cabotage le long des côtes, comme autrefois. Au retour, il s’arrête à Royan, Oléron où il charge des huîtres qui seront revendues à Nantes puis Lorient, Bénodet et Douarnenez.
Le développement du transport à voile s’inscrit dans une démarche de développement durable et une économie d’émissions de CO2. Une autre image des bâteaux à voile qui ne servaient jusqu’à présent qu’à la plaisance et à la parade lors des réunions de vieux gréements.
Par Elisabeth Guignaud-Le Berre
Crédit Photo : Elisabeth Guignaud-Le Berre