Les seizièmes « Assises de l’Energie » s’ouvrent à Bordeaux


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/01/2015 PAR Romain Béteille

« Nous mesurons l’importance cruciale de ces rendez-vous », soulignait Alain Juppé ce 27 janvier en préambule à cette première journée des Assises de l’Energie qui, pendant 3 jours, investissent les différentes salles du Palais des Congrès de Bordeaux. « Nous savons tous ce qui menace la planète, il faut faire monter la pression sur les gouvernements même si je ne suis pas sûr que l’on puisse s’en remettre à leurs vertus. Le message est alarmiste, mais il se veut aussi optimiste : il nous faut inventer une croissance sobre et circulaire, afin de créer un mode de vie plus serein », a affirmé le maire de Bordeaux. L’édition 2014 des Assises s’était tenue en janvier dernier à Dunkerque, ville forte de son statut de « première plateforme énergétique d’Europe » (essentiellement en raison de son travail sur les problématiques industrielles). Mais Bordeaux semblait aussi avoir son mot à dire. 

En effet, nombreuses sont les actions de Bordeaux et des communes de la Métropole en matière de transition énergétique. On peut notamment citer le « Plan Climat-Energie Territorial » initié en 2011 dont plus de 80% du plan d’action serait en cours, le label Cit’ergie obtenu en janvier 2013, la construction de plusieurs « éco-quartiers » ou « quartiers durables » comme Ginko ou les Bassins à Flot, une sensibilisation des citoyens aux économies d’énergie et une politique publique qui s’érige en exemple (Bordeaux Métropole prévoit un objectif de 25% de part modale pour les transports urbains, 15% pour les deux roues et 25% pour la marche à pied d’ici à 2020). Malgré tout, comme l’a précisé Bruno Léchevin, Président de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), « la transition énergétique est loin d’être gagnée. Des solutions sont proposées mais elles ne sont pas assez rapides. Il faut transformer notre logique pyramidale en logique de réseau. 2015 sera une année essentielle pour la question énergétique. Après l’échec de Copenhague (en 2009), nous devons trouver un véritable accord », a-t-il affirmé. 

Un bilan alarmiste ? Une inquiétude apparemment partagée par Jean Jouzel, climatologue et membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), l’un des premiers intervenants de cette journée riche en débats et en perspectives. Dans ses mains, quelques graphiques venus résumer l’essentiel de la synthèse finale du cinquième rapport du GIEC paru en novembre 2014, une étude qui a nécessité pas moins de 7 années de travail et mobilisé plus de 1000 scientifiques de 160 pays à travers le Monde. Leurs conclusions sont sans appel : il existe un lien étroit entre la consommation d’énergie des humains et le réchauffement climatique. Ainsi, en 40 ans, l’émanation de gaz carbonique aurait augmenté de plus de 40% (10 milliards de tonnes de carbone étaient produites en 2014). « Il s’agit là d’un phénomène de réchauffement sans précédent », affirme l’expert du GIEC. « La hausse du niveau de la mer de plus de 3 millimètres est un indicateur clair, avec une acidification de l’océan, une multiplication des feux de forêts, et un écosystème profondément touché ». 

Ces effets seraient en majorité causés par les humains, notamment le réchauffement de la température (entre 2 et 3 degrés) observé depuis 1950. Plus qu’un réel bilan, c’est surtout les projections qui sont extrèmement préoccupantes pour le climatologue : « Si on suit cette tendance, la température pourrait augmenter de 4 degrés d’ici à la fin du siècle, conduisant à des canicules plus graves et plus longues que celle de 2003, des phénomènes de sécheresse importants et des rendements agricoles en forte baisse, notamment dans les régions tropicales et tempérées. Soyons clairs: il reste 250 milliards de tonnes de carbone avant d’atteindre la limite. Si on suit la consommation actuelle, cette limite sera atteinte dans 25 ans ». La solution selon les scientifiques du GIEC ? Laisser 80% des réserves de carbone actuelles dans les sous-sols, et diviser par deux ou trois les émissions de gaz carbonique- la Chine en reste le premier consommateur avec 27%, suivi des Etats-Unis (14%) et de l’Europe (10%).

La COP21, rendez-vous fondateur « Le succès de Paris passera donc par un accord qui impliquera tous les pays de la planète, y compris la Chine et les Etats-Unis », déclare Jean Jouzel. Un message qui est semble-t-il le même depuis déjà quelques années. « Le bilan est alarmiste, mais il est le même que dans le premier rapport du GIEC. Il faut agir tout de suite, même si le « tout de suite » des années 90 aurait été plus facile. Le fait que la France ait respecté ses engagements est aussi l’une des conséquences de la désindustrialisation du pays. Il ne faudrait donc pas associer les problématiques du réchauffement à la décroissance. Mais aujourd’hui, on ne peut pas espérer que l’épuisement des ressources apporte une aide au niveau de ce réchauffement, ce qui est un changement radical d’opinion par rapport à ce qu’on pensait il y a une dizaine d’années ».

D’où l’importance d’un consensus à trouver lors de la future conférence de Paris sur le climat, sur laquelle semblait déjà beaucoup capitaliser François Hollande lors du récent forum économique de Davos. Les discussions autour de cette COP21 devraient aussi être l’un des temps forts des « Assises de l’Energie » bordelaises avec la venue jeudi 29 janvier d’Anne Hidalgo, maire de Paris et de François Baroin, avant une intervention de Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, qui ne manquera sûrement pas de revenir sur la question. 

L’info pratique : l’intégralité du programme des « Assises de l’Energie

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