Les (petites) merveilles… d’Aqui ! – 48h sur l’Île aux Oiseaux


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 06/11/2013 PAR Alice

« Eh puis zut, si personne ne peut y aller j’irai, moi ! Tant pis pour les autres ». Ah que les emplois du temps des familles nombreuses sont compliqués ! Mais voilà, c’est décidé ! Mon « petit » dernier m’accompagnera. Il a pitié de sa maman. Il ne la laissera pas seule sur une île déserte !

Au-delà, c’est l’OcéanNous voilà donc, au petit matin, laissant mon petit bolide rouge, pas chic mais pratique sur le quai … à bord d’un bateau filant sur l’eau lisse du bassin d’Arcachon. Lever du soleil de rêve… Ah! qu’il fait du bien cet air marin ! L’été rempli d’imprévus m’avait empêchée de partir, de me sentir vraiment en vacances. Et là, en moins de 10 minutes ça y est ! Pas assez d’yeux pour savourer goulument toutes les images qui défilent. Un cormoran perché sur l’un des nombreux piquets de parcs à huitres, les maisons typiques du « bassin »… Et, au loin, la crête de pins du Cap Ferret me laisse deviner qu’au-delà c’est l’océan. Et puis…

« Tiens, regarde qui est dans l’eau ! ». Profitant de la marée haute, Brigitte est là, nageant à notre rencontre. Son sourire radieux en dit bien plus que tous les mots. L’eau est délicieuse ! Bien 1 heure qu’elle en profite. Il n’est jamais que 9h du matin.

Île aux oiseaux - Gironde

Tirant sur la corde, elle nous aide à accoster sur le « quai » de leur cabane. En fait, nous sommes arrivés ! Hop nous sautons, et nous voilà… au paradis. Grâce à la marée haute nous arrivons directement sur une terrasse de sable. Des petits tas de coquilles d’huitres (témoins d’instants gourmands partagés), des serviettes de plage accrochées aux branches d’un Tamaris, une grande table de bois, un grand bol de café… le bonheur ! Un voisin, attiré par « l’événement », vient saluer notre arrivée. Sa cabane à lui est à moins de 30m. C’est vrai qu’ici tout le monde se connait. Depuis plusieurs générations, ces petits enfants et arrières petits-enfants de chasseurs-pêcheurs de l’île, passent leurs étés ensemble. Comme des robinsons, ils ont adapté leur rythme de vie aux conditions de l’île. Leurs cabanes à la fois simples et super confortables recèlent d’inventions et bricolages géniaux. Des modèles de développement durable ! Pas d’eau courante, pas d’électricité…

Des heures à regarder les oiseaux« Et Peio, où est-il ? » C’est que Peio est un sacré petit bonhomme. Une boule d’énergie ! Mais ici Peio est dans son univers. Il disparait des journées entières. Des heures à observer les oiseaux, à suivre les chasseurs. Il les regarde organiser leur prochaine nuit de veille dans les tonnes. D’ailleurs, Peio sait tout des oiseaux, de leurs noms, de la façon dont leurs répliques seront installées en leurres sur les lacs. Petits étangs plus ou moins artificiels, ils sont savamment entretenus par les chasseurs. Autrefois, chaque lac avait sa cabane et inversement… C’est ainsi que Brigitte me présente, au loin, celui de son grand-père. Comme elle ne chasse pas elle l’a « offert » à d’autres.  Par contre, la cabane de son arrière-grand-mère, elle y tient. Elle la soigne avec autant d’attention et de tendresse que les chasseurs bichonnent leurs « tonnes ». Pourtant, elle ne lui appartient pas. Comme leurs voisins du quartier, Brigitte et Bertrand investissent, chacun de leurs étés, pour maintenir en état et préserver cet endroit insolite. Les tempêtes, le climat à l’entrée des embruns du grand large défient les planches de bois, principal matériaux de l’île. Eté après été, on repeint, on consolide, on fait du neuf avec du vieux. Méticuleusement … Brigitte reproduit les gestes de sa grand-mère pour gaspiller le moins d’eau de vaisselle possible.  

Une pièce principale, transformée en chambre. Trônant en son centre, la cheminée suggère la chaleur bienfaitrice des bonnes flambées d’automne. Séparant les deux seules pièces de la cabane, la cloison de bois est comme neuve. « Non, j’ai toujours connu ce lambris, ici ». Il est magnifique. Sa chaleur donne des airs de chalet de montagne. De l’autre côté, d’immenses lits superposés… Un vrai dortoir d’ados d’où sortent des fous rires, des invectives « Eh, c’est moi qui ai mis le neuf ! Arrête de tricher ! ». Jeux de cartes, discussions jusqu’à plus d’heure, cachés sous la couette… les souvenirs se construisent ici.

Mais l’été, tout se passe dehors. Pas de clôture. Les cabanes s’enchevêtrent les unes sur les autres. « Vous venez demain soir ? Soupe de palourde et bien sûr les restes, c’est bientôt la rentrée.». La rentrée, j’avais presque oublié. Mais comment y  penser quand le regard se perd la mosaïque de miroirs. Les lacs, d’un rond parfait, scintillent en éclats de lumière renvoyés au bleu du ciel. Que ça doit être beau vu d’avion ! « Tu veux voir une tonne de l’intérieur ? ». Bien sûr ! J’attrape mon appareil photo et secoue un peu mon jeune ado. « Viens, je suis sûre que tu n’as jamais vu ça ! ». Nous partons, Brigitte, Peio et moi. Logique ! Tarot avec les jeunes c’est mieux… Concentrée, je suis  Peio sur le petit chemin. Des pochons à huitres posés à même le sol matérialisent et fixent les sentiers glissants creusés entre statices et salicornes. Impossible d’y aller seul. Les lacs et les esteys, petits ruisseaux laissés par les eaux à marée basse, constituent un vrai labyrinthe. Pourtant tout est à portée du regard ! Nous y voilà déjà. Une cabane flottante dépasse à peine des grandes herbes. Peio s’y engouffre… je le suis. En fait de « caisse de bois flottante» c’est assez cosy.  Cadre confortable de longues nuits d’attentes. De petites fenêtres, appelées guichets de tirs, surveillent l’arrivée des oiseaux. Les lits pour s’assoupir ou lire jusqu’au petit matin. Tout parle d’heures paisibles à bricoler avec des bouts de ficelles, seul ou avec les conseils des plus grands. Dans le calme de l’attente, les tonnes montant et descendant au gré des marées se rendent invisibles, en harmonie avec la nature qui les entoure.

Île aux oiseaux - Gironde

A peine, dans le lointain, entend-on le murmure des escadrilles de scooters des mers. Inlassablement, elles volent sur l’eau, font et refont le tour de l’île à des allures… Totalement décalées avec ce que nous vivons, là, à quelques centaines de mètres d’eux. « Demain, si tu veux, on fera le tour de l’île… à pied ». Moi qui n’osais pas le demander. Génial !  En attendant je vais explorer les environs avec mon « ado ». Gentiment, il consent à se joindre à moi pour découvrir cette nature têtue, et décidée à rester accrochée à un banc de sable au milieu des eaux. L’écrin du bassin, avec ses belles villas, ses dunes, ses forêts de pins remplit le regard d’un horizon proche. La beauté de ce paysage à la fois sauvage et apaisant nous permet de discuter de tout et de rien. Joli moment d’échanges et de silences.

Retour à la cabane pour déguster un petit « Entre deux mers »-de-fin-de-journée ! Juste au-dessus de nos têtes, une mouette remonte le vent. Comme sur un toboggan, elle semble se marrer en glissant sur les courants d’air qui nous protègent des moustiques. Dans l’eau, un panier d’huitres sauvages, récoltées quelques jours auparavant, nous attend au pied du quai. Quel goût ! Même mon ado se régale. « Cela n’a rien à voir ! ». Mangées, les pieds dans l’eau, avec un coucher de soleil digne des Caraïbes. C’est à vous couper le souffle. J’envoie la photo à un copain. Petit il arpentait, des journées durant, les bords humides de l’Adour. Avec la chasse pour prétexte. Les méandres des esteys, les couleurs, les oiseaux… tout ici lui plairait. Retour du sms. « C’est là que je veux prendre ma retraite ! ». Bertrand, toujours aussi généreux, me propose de rapporter quelques huitres à notre retour. J’espère qu’elles auront gardé ce goût inoubliable…

Œufs pochés dans la piperade, Brigitte sait rendre divines les choses simples. Les paupières clignotent. Le vent, le soleil… et cette douce fatigue nous guident tout droit vers de confortables couettes. Demain, Bertrand repeindra les boiseries des fenêtres qu’il a posées avant-hier.

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