Les (petites) merveilles d’Aqui! – Escapade en Pays Basque


Alice
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 28/09/2015 PAR Alice

Bon, alors on prend quelle route ? ». Passer l’Adour par Port de Lanne puis rejoindre Saint Palais par l’intérieur des terres. Arrivée à Ascarat prévue dans 1h30. Facile. Kemen m’a indiqué le chemin. Temps magnifique. Soleil lumineux. Juste ce qu’il faut pour éclairer les collines aux maisons propres. Mais avant, petite descente par Saint Lon les Mines. Village en pente douce. Belle vue sur les Pyrénées. Malicieuses, ce matin, elles se laissent admirer de loin. Demain, la pluie sera là. Mais aujourd’hui, ciel bleu pour tous ! … A droite, l’église, avec la beauté simple et paisible des architectures modestes. A gauche, le fronton… et ses pelotes qui s’échappent, de temps à autre, sur la route. « Maïs décoratif à 500 m ». Un panneau nous rappelle que nous sommes en pleine Chalosse, à la limite des Landes, du Béarn et du Pays Basque, terres de maïs. Plante extraordinaire. Petit grain jaune, de la taille d’une fleur de muguet, il deviendra, en quelques semaines à peine, ce géant fier et solide de plus de 2,50 m de haut. Doué, il sait divinement tirer parti du soleil, de la pluie et des sols lando-basco-béarnais. « Or vert » du sud Aquitaine, chaque année, il façonne et transforme nos paysages pour l’été. Mais nous voilà déjà sur la nationale 117. Route historique, avec ses platanes et mini montagnes russes, elle relie Pau, la béarnaise, aux rives courtisées de la côte basque. Juste la traverser et rejoindre le pont d’Urt. Une voiture à la fois. Pont Eiffel des années 1880, ses légères structures métalliques enjambent l’Adour. Ambiance calme. Saules pleureurs, maisons de bord d’eau, reflets miroitants… Tels des araignées d’eau glissant silencieusement, des rameurs tirent sur leurs avirons et filent à grande allure. De l’autre côté, sans transition, nous plongeons dans les couleurs du Pays Basque. « Mais, tu ne vas par Saint Palais ? ». Surprise Sylvie ne dit plus rien, cheveux au vent, elle se laisse mener. Mon petit bolide rouge, pas chic mais pratique continue sa route. Bien sûr, on devrait facilement rejoindre en passant par là… Enfin, je crois. Captivées par la beauté des maisons, par la clarté de leurs façades soulignées de rouge ou de vert… nous nous laissons insensiblement écarter du chemin. « Oups, il fallait tourner à droite, là, non ?! » Pas grave, on rattrapera au prochain croisement. De croisement en croisement, nous nous éloignons de notre trajectoire. Mais c’est tellement beau ! Petit coup de fil… « Heu, Intza ? on arrive bientôt, on a juste fait un léger détour ». En attendant, on se régale. Epousant les collines herbagées, la route sillonne et tourne. Pas la peine d’aller vite. Gourmandise des yeux, les paysages sont parsemés de mille petits nuages blancs et cotonneux. Ca-et-là, des haies d’arbres aux feuilles vert-intense, denses et touffues les séparent en petits groupes. Partout, les moutons paissent, paisibles. Appliqués, ils entretiennent, jour après jour, les arrondis des contreforts pyrénéens. Comme recouvertes de mousse douce et régulière, leurs collines offrent aux regards une succession de vagues ondulantes de fougères et prairies vertes. Avant les rouleaux de l’Océan, la campagne nous offre ses rondeurs. A chaque sommet, sa maison. Fières et souriantes, les grandes bâtisses se parlent… Contrebande et départs pour les Amériques d’autrefois, championnats de Pelote, prochaines fêtes de village et difficultés de l’élevage d’aujourd’hui. Les occasions de discuter, de se retrouver et de chanter ne manquent pas. Etxeak1, ustiategiak, berceaux de ces vies riches d’histoires d’Hommes, de cultures, d’aventures lointaines ou transfrontalières… le racontent à leur manière.

Escapade en Pays Basque

« Mais tu es sûre qu’il fallait passer par Cambo ? ». Non, je n’en suis plus très sûre, voire de moins en moins certaine. Mais c’est sans regret. Tout ici n’est que verdure et fleurs. Arnaga, tu connais ? La maison d’Edmond Rostand… Son jardin, son élégance, ses boiseries, ses inventions de l’époque, tout est source d’émerveillement. L’esprit du poète scientifique et l’ombre de Cyrano s’étirent sur le Pays Basque. Comme ces légers nuages d’altitude qui se moquent des frontières. Mais, nous en sommes déjà à plus de ¾ d’heures de retard. Il n’est plus temps de flâner. Riant et secret, l’intérieur des terres nous ouvre ses portes, virage après virage. Village après village nous filons.

« Et là, tu as vu ces géraniums ? » Chaque façade rivalise amicalement avec sa voisine. Gaies et coquettes, comme de jeunes et belles adolescentes, les maisons savent, elles aussi, danser le fandango. Rassemblées ou séparées, au gré des petites rues en pente et des ruelles ombragées, elles arborent fièrement leurs balcons couverts de glycines. La blancheur pure des murs, ornés de quelques pierres de grès rouge et de colombages, rouges ou verts, tranche pour mieux faire ressortir les fleurs de bignones. Festival de couleur… Et que dire quand les piments seront exposés à la douceur du soleil de fin d’été !

Bien sûr qu’il faut de l’eau pour cette végétation généreuse ! Cette allure riante, espiègle et fière, c’est, aussi, beaucoup de passion, d’amour du pays. De celui que, jour après jour, les basques donnent à leurs terres.

Saint Jean Pied de Port s’annonce. D’abord, Donibane Garazi, puis en français ensuite. Radieuse, Intza nous attend devant la porte. Sur la place d’Ascarat, à côté du muret de l’église. Nous entrons. Si mignonne, avec ses pierres de la montagne, la maison ne parvient cependant pas à détourner nos yeux de la petite Laia… Le reste n’existe plus. Elle est vraiment belle ! Quelques semaines à peine. Bavardages, souvenirs de nos grossesses qui remontent à la surface. Nous nous mordons les lèvres. Surtout ne pas donner de conseil. Ridicule. Emotion. Notre Intza a un bébé ! Son compagnon, calme, accepte avec flegme et patience, la tornade de nos bavardages. Sylvie et moi accordons bien peu d’attention au pauvre Beñat. Nous connaissons Intza depuis toute petite ! Laia est de la famille maintenant. Elle se réveille… L’heure de manger. Sans rien dire, avec une immense pudeur, Intza arrive à nous faire comprendre. La tétée, c’est un moment à part, intime. Comme beaucoup de basques, discrétion, retenue. Nous ne nous attarderons pas.

« Merci beaucoup pour le café ». Nous qui pensions arriver avant le déjeuner ! Promis la prochaine fois on passe par Bayonne pour remonter directement par Hasparren. Ça ira plus vite…

Aujourd’hui, Intza est magnifique. D’une force bluffante. Débordante de projets, elle a lutté tout l’hiver, avec une détermination exemplaire. Elle a gagné son combat. Une violence inouïe, arrivée sans crier garde, au milieu d’un bonheur tout neuf. Comme toujours, elle n’en dira rien. Elle sait ce qu’elle a traversé. Ses amis, la musique, la beauté et la force de son pays, et, bien sûr, les siens étaient là. Laia a plus d’un an, et une maman formidable !

1 Maisons, fermes
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