Les (petites) merveilles d’Aqui! Une halte à la Maison du Teich


Alice
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 15/04/2014 PAR Alice

C’est bon, je ne serai pas seule. Les kilomètres de l’autoroute qui nous mène au Bassin vont à peine suffire à compenser les longues semaines où nous ne nous sommes pas vues. Ma fille appréhende. Comment sont ces gens qui, finalement, auront suivi la même formation que sa mère ? Celle-là même qu’elle s’apprête, elle aussi, à suivre. Enfin, croisons les doigts, si tout va bien. Peu importe… ce sera l’un des rares week end où nous serons toutes les deux, ensemble. Un week end pour faire le vide. Une pause dans les préparatifs aux concours. Enfin, c’est vite dit. Nous nous contenterons du samedi soir et dimanche matin. La journée de samedi est encore consacrée aux révisions.

Mais nous y voilà ! La Maison du Parc Naturel du Teich. Hyper facile d’accès. Dès la sortie de la voiture, douceur paisible du début de printemps. Le jour commence à tomber. Les chants des oiseaux se font plus rares, le calme se pose. Je laisse au parking mon petit bolide rouge, pas chic mais pratique. Des mines radieuses nous accueillent. Par petits groupes chacun commente ce qu’il a vu. « Oui, mais tu sais, la tempête a complètement changé la donne en matière d’approvisionnement du bois ». « C’est incroyable tout ce que l’on peut faire aujourd’hui avec la cellulose du bois ». « C’est vrai qu’on n’imagine pas toute la technique de fabrication et toutes les innovations qu’il peut y avoir derrière de « simples » emballages ». La visite de Smurfit Kappa-Cellulose du Pin, passionnante. « Et là on comprend bien qu’il est urgent de trouver une vraie solution ». « Tu te rends compte, il disait que l’été dernier le taux de mortalité atteignait près de 50% des huîtres marchandes !». « Dire qu’elles sont si bonnes ! ». « Oui mais tu as bien entendu, il y a des débuts de solutions, ici et là. Ils font appel à des producteurs de naissains spécifiques ». Les actualités du Bassin tournent autour du mystère de la mortalité des naissains d’huîtres. Gros impact pour les ostréiculteurs…

L’agronome, « espèce très conviviale »Comme je regrette de n’avoir pas assisté à ces visites. C’est toujours mieux avec un producteur, un technicien. Quelqu’un qui vit son métier à fond. On peut poser toutes les questions, plein de questions… il y a toujours une réponse. Directe et concrète. Parfois c’est technique, parfois c’est lié à des contextes économiques assez complexes… Mais à chaque fois, on comprend bien comment cela se traduit dans le quotidien. Et surtout comment chacun s’adapte. L’enjeu est de taille : poursuivre et développer l’activité avec la même passion du travail bien fait, du bon produit, de la bonne réponse aux attentes des consommateurs et clients.

Chacun apporte une interprétation, un éclairage professionnel d’agronome. Vision enrichie de ses propres connaissances et expériences. Quel régal ! La conversation pourrait durer toute la nuit. Il faut savoir que « l’agronome » et plus généralement tous les professionnels du vivant, constituent une « espèce très conviviale » par nature. Bons repas, bons vins, chansons et moments chaleureux… font partie de son biotope.

Mais il est temps de rejoindre nos chambres au cœur même du parc ornithologique. Pas un bruit, la nuit est tombée depuis longtemps. Demain, pas de grasse matinée. Nous serons les premiers à assister à la toilette matinale des habitants du parc.

Foulques, Vanneaux, Goéland, …Premiers petits cris… c’est l’heure. Les jeunes enfants de nos collègues apportent à notre groupe la joie et la spontanéité des matins radieux. Un bon café bien chaud, quelques tartines. Les conversations laissées hier reprennent. Notre guide arrive déjà. Ce sera pour plus tard.

Maintenant direction la Réserve. Omniprésent, le bois jalonne notre chemin. Petits ponts, piquets de clôtures, pieux enfoncés en bordure d’eau, haltes d’observation… Cachés derrière les planches nous regardons en chuchotant les oiseaux sauvages vivre leur vie. Ce qu’ils aiment ici, c’est l’environnement d’eau et de végétaux qui leur procurent le gîte et le couvert. Autrefois, cet endroit gagné sur les eaux du Bassin d’Arcachon, servait de réservoir pour les pêcheurs. En effet, par un système ingénieux de réseau d’écluses, ils avaient construit tout un ensemble de petits des plans d’eau. Peu profonds, régulièrement alimentés en eau de mer, ils s’avéraient constituer un abri idéal pour les alevins des poissons du bassin ou de l’océan. Plancton, algues et plantes préservées des courants, températures élevées… tout pour s’épanouir. A l’arrivée des tempêtes d’automne, lorsque les marins ne pouvaient plus sortir et que le cours du poisson montait en flèche, on vidait alors les réservoirs de leurs magnifiques poissons. Ainsi mis sur le marché à des prix très favorables, ils permettaient aux pêcheurs de passer la mauvaise période.

Aujourd’hui, les petits plans d’eau constituent toujours des réservoirs… destinés aux oiseaux « piscivores » du Teich. Vous les citer tous serait impossible. Ils sont tellement nombreux (88 espèces nichent sur le site mais on y a décompté jusqu’à 319 espèces et sous-espèces) que nous n’avons pas pu tous les voir. Ils ne sont pas tous là aux mêmes moments. Cela dépend de leurs rythmes migratoires. Mais enfin, nous sommes, en avril, au début de la période la plus riche. Bien sûr, nous avons vu des Cygnes, des Oies et des Hérons cendrés, des Foulques, des Vanneaux, des Goélands, des Pics épeiche (quel joli nom)… et bien d’autres encore. Je dois en oublier plein. De quoi s’emmêler les plumes. Pourtant j’aurais bien aimé voir le Grosbec casse-noyaux ou encore l’Hypolaïs polyglotte, le Chevalier gambette, l’Avocette élégante ou, mon préféré, le Courvite Isabelle. Rien que leurs noms invitent à faire connaissance. Notre guide, attentive, répond à nos questions. A chaque détour du chemin, elle nous en apprend un peu plus sur la vie des oiseaux, et le travail de chacun pour conserver à ce site son aspect naturel et son intérêt scientifique.

La Réserve Ornithologique du Teich

Pique-nique au bord de l’eauAu bord d’une minuscule petite plage une maman Cygne déploie ses grandes ailes… Non, mais… de fois que les petits d’Hommes approcheraient ses petits cygneaux. Impressionnante, quand même ! Rien qu’à voir leurs yeux, la rencontre a dû tous les surprendre. Finalement ne serait-on pas mieux, hissés sur les tabourets d’observation ? A l’abri, en silence, derrière les planches des observatoires. Oui, mais quand on a des petites jambes qui s’agitent et ne demandent qu’à courir, pas si facile. Une petite main se glisse dans celle de ma fille. « Viens on va voir les canards ». Le sentier de découverte, bordé de mille couleurs passant de tous les verts aux jaunes éclatant, diffuse les senteurs des arbustes réchauffés par le soleil. Partout les reflets des miroirs d’eau qui renvoient les rayons de soleil dans les feuilles. Les petits pieds retrouvent le plaisir de suivre la danse des premiers papillons. Les discussions se poursuivent. « Dis, tu nous tiendras au courant pour ta fille… ».

Petit pique-nique au bord de l’eau. Simple, léger, complice. « Comment ça tu n’as jamais goûté mon pâté ? ». Le week end express se termine. Le reste du groupe va s’éparpiller. Il y a encore plein de choses à voir dans le coin. « On va faire une petit tour à la Dune du Pyla », « Nous, c’est direction les vignes, histoire de goûter aux plaisirs des châteaux ». Nous, nous reprenons la route. Les révisions n’attendent pas. Mais, c’est pour la bonne cause. Pour, un jour, se retrouver avec la même passion. Parler avec enthousiasme et conviction des miracles de la nature et du vivant.

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