Lormont – Génicart : au moins un an de retard


Les choses ne sont pas simples pour le chantier le plus important du Grand Projet de Ville des Hauts de Garonne : retard dans les conventions, changement de périmètre du projet, difficultés techniques, hausse des coûts de construction, ampleur du pro

Alban Gilbert
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/04/2008 PAR Vincent Goulet

Les chiffres sont parlant : Génicart, c’est le gros morceaux du GPV : 10 000 habitants sur le quartier, 40 % du budget total du GPV, 950 logements démolis et autant de construits. Ce sont aussi la création de nouvelles rues, un nouveau quartier qui va sortir de terre (La Ramade), l’agrandissement de deux écoles primaires, l’aménagement d’un centre de vie autour de l’Espace-Citoyen et la construction d’une médiathèque dans le centre culturel du Bois Fleuri. Au niveau logement, trois bailleurs sociaux se partagent, à égalité, le travail : Domofrance, Maison Girondine et Aquitanis.

L’épine au pied du tunnel ferroviaire
Pour l’instant seule la Maison Girondine reste dans les clous du calendrier prévisionnel. 120 logements devraient être livrés en septembre 2009 à la Ramade, ce qui devrait permettre de détruire, comme prévue, fin 2009 les trois tours des Cîmes, dont déjà 100 familles sur 300 sont relogées. 166 logements seront ensuite reconstruits sur le site des Cîmes.

Du coté d’Aquitanis, on avait prévu de détruire les trois tours de Génicart 3 à partir du deuxième semestre 2009. Mais les livraisons du neuf ont pris du retard, ce qui se traduit par un ralentissement des relogements pour les 200 familles qui habitent encore les tours Vercors, Richemont et Colonel Fabien. La principale raison est dans ce cas les coûts du bâtiment qui ont fortement augmenté et qui n’entrent plus dans les devis initiaux. Il faut donc repenser les bâtiments pour faire des économies, par exemple en supprimant des places de parking souterrain. La destruction des tours de Génicart 3 est aujourd’hui prévue pour 2010, au mieux.

A Domofrance, la situation est encore plus difficile, suite à une série de mésaventures : le tunnel ferroviaire d’abord, qui passe sous la rue E . Leroy où Domofrance doit construire 130 logements neufs. Réseau Ferré de France s’est aperçu de fissures et a fait stopper les travaux jusqu’à ce que le tunnel soit consolidé. Cela va prendre du temps, ce qui signifie une livraison des bâtiments sur cette zone pour 2011, au mieux. En attendant le chantier et le terrain vague, avec les nuisances qui l’accompagnent, s’éternisent…

A la Ramade, où Domofrance doit construire une centaine de logements, des questions administratives ont fait prendre du retard. Les bâtiments devraient être livrés fin 2010. Si bien que pour l’instant, seule une trentaine de logements a été construite rue Rabelais, ce qui est bien insuffisant pour reloger les centaines de familles qui restent encore aux Garosses et à Rousseau, les barres promises à la destruction. Du coup, le rythme des relogements faiblit considérablement et il est peu probable que l’on voit venir la pelleteuse avant 2011.

Le manque de grands logements
Autre motif d’inquiétude, la taille des logements. Contrairement à ceux de Carriet, les logements des tours et des linéaires de Génicart qui devraient être détruits sont vastes, lumineux et comportent souvent 5 ou 6 pièces. Les familles nombreuses qui souhaitent rester à Lormont craignent de ne pas pouvoir y être relogées car l’essentiel des logements neufs sont des 2 ou 3 pièces et plus rarement des 4 pièces (lien : L’inquiétude des familles nombreuses). Etienne Parin, le directeur du GPV, reconnaît un problème pour7 % des familles à reloger, les familles nombreuses et/ou très pauvres. Pour celles-ci il y a un petit contingent de maisons en locatif social ou très social (dispositif PLAI où un pavillon de 5 pièces est loué 500 euros), mais en nombre insuffisant par rapport à la demande.

Pour justifier ce manque de grands logements, les bailleurs sociaux mettent en avant l’évolution sociologique de la famille : « Dans les années 1960, les familles étaient de 3 à 4 personnes en moyenne, et la norme était le T4 ou le T5. Aujourd’hui dans 50 % des logements sociaux, il n’y a qu’une personne. Il faut tenir compte de cette évolution et construire plus petit, parce qu’on construit pour 100 ans. » Ces statistiques laissent songeurs et semblent plus prendre en compte le vieillissement des locataires de HLM que les phénomènes contemporains des « familles recomposées »…

Mieux associer les habitants au renouvellement urbain ?
L’enquête sur le terrain à Génicart révèle un certain malaise. Depuis les réunions de présentation du GPV de 2006 peu d’informations précises semblent parvenir aux habitants sur les conditions de leur relogement et leurs droits, sur les délais, sur les éventuels retards, sur les compensations auxquelles ils peuvent prétendre. Certains essayent de tirer au mieux leur épingle du jeu en se saisissant de la rénovation urbaine comme d’une opportunité pour tenter d’obtenir la réalisation d’un rêve pavillonnaire, d’autres sont moins revendicatifs et ont du mal à définir leur projet de relogement. Mais surtout, le plan d’ensemble semble encore relativement opaque à de nombreux habitants qui paraissent, une fois de plus, dépossédés de leur propre devenir. On entend cependant des demandes sur la présence de commerces de proximité, les possibilités d’accession à la propriété pour les ménages modestes, l’existence de « jardins familiaux », de salles pour les réunions et les fêtes familiales comme les mariages. Des équipements encore à discuter et qui peuvent compenser les craintes d’une perte de l’enracinement dans le quartier…

Vincent Goulet


Fiche technique LORMONT-GENICART
Nombre d’habitants : 10 000
Taux de chômage : 27,5 %
Taux de logement social : 77 %
Nombre de logements concernés par les démolitions-reconstructions : 950

 

Photographie : Alban Gilbert

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