Montardon : une nuit pour l’agro-écologie


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Initiée par le gouvernement dans un pays où les surfaces agricoles représentent les deux tiers du territoire national, la Nuit de l’agro-écologie propose au grand public de réfléchir à la manière dont l’agriculture peut concilier le respect de l’environnement et le rendement économique. Une interrogation qui parle aux Pyrénéens.

« Voici quatre ans, nous avons a lancé un projet Agro-réseau. Celui-ci témoigne de notre volonté d’accompagner des groupes d’agriculteurs qui veulent poser un autre regard sur le lien existant entre la nature et leur mode de production. » explique Guy Estrade, le président de la Chambre d’agriculture.

« Toutes les filières sont concernées. On s’intéresse aussi bien aux méthodes de pâture qu’à la fauche, aux différentes variétés d’herbes, aux grandes cultures et aux couverts végétaux, avec une prise en compte de plus en plus importante de la vie du sol. Il ne s’agit plus de travailler simplement ce dernier mais de travailler avec lui ».

Une réflexion à laquelle Xavier Arnauld de Sartre, chargé de recherche au CNRS, s’associe volontiers. Jeudi soir, celui-ci interviendra au lycée agricole de Montardon aux côtés de deux exploitants, Jean-Marc Couturejuzon et Laurence Cruzalèbes.

La dynamique du vivant« Tout le monde a compris que l’agriculture conventionnelle a atteint une limite, qu’il faut augmenter la production mais que l’on arrive à un palier en matière de rendements » explique-t-il.

Or, après avoir vu leurs méthodes de travail être simplifiées dans les années 50, et standardisées au niveau de la planète,  les paysans sont aujourd’hui tenus d’intégrer «la dynamique du vivant » . Ce qui rend leur tâche plus complexe. D’autant plus que la rentabilité n’est pas forcément acquise.

« On leur demande de réapprendre le vivant tout en augmentant la production et en préservant leurs marges. Cette complexification, que l’on a appelée l’agro-écologie, nécessite d’adapter les techniques agricoles aux milieux dans lesquels on produit et non l’inverse. Et cela, mine de rien, c’est révolutionnaire».

Donner du poids aux initiativesLes expériences menées sur le terrain par de nombreux groupes d’agriculteurs jouent ici un rôle important, reconnait le chercheur. « Le ministère l’a compris et c’est ce qu’a fait Agro-réseau, avec des gens qui se sont réunis de manière spontanée. Des agriculteurs comme ceux-là, il y en a plein en France. Il faut les structurer, les labelliser, les rendre visibles pour qu’ils puissent recevoir des crédits et s’améliorer. Afin que l’on sorte des vieux poncifs, comme celui d’agriculteur-pollueur ».

De là à penser que toute la machine est  en marche serait cependant aller vite en besogne. « Il a fallu au moins 25 ans pour passer des méthodes des années 50 à la biochimie. Les choses ne vont pas bouger du jour au lendemain » estime Guy Estrade. «Ce qui est important, c’est que l’on passe d’une dynamique pyramidale descendante à un mouvement qui donne plus de poids à l’initiative. Le rôle des organisations professionnelles est de l’accompagner. »

« N’oublions pas que, dans les Pyrénées-Atlantiques, un agriculteur sur deux a plus de 50 ans et que, pour certains, la remise en cause de leur activité, est plus difficile. Ce qui n’empêche pas toutes ces réflexions d’intégrer des jeunes et des gens plus âgés. Aujourd’hui, on voit des agriculteurs soucieux du devenir de leur sol, du maintien de la fertilité. Une fertilité qu’il est essentiel de transmettre ».

 Sans les prix, rien ne se feraDeux autres réalités sont soulignées par Xavier Arnauld de Sartre. « Si nos agriculteurs ont les pratiques actuelles, c’est aussi parce qu’elles vont dans un sens qui leur a été indiqué. Pour changer quelque chose, il faut d’abord en connaître la logique. On ne peut pas changer les acteurs sans changer les règles ».

« Par ailleurs, toutes ces démarches restent très fragiles. On a beau avoir toute la bonne volonté que l’on veut, si on ne parvient pas à toucher au levier des prix, on n’arrivera à rien. Là, ce n’est pas l’Etat qui a la main, plutôt l’Europe et surtout l’Organisation mondiale du commerce ».

Pour en savoir plus : http://www.agroreseau64.fr/

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