Le pétrole offshore fait des vagues à Pau


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/04/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Le choix de Pau ne relève pas du hasard. Installée à deux pas du bassin de Lacq, qui a exploité pendant 50 ans le gaz contenu dans le sous-sol béarnais, la ville accueille également l’un des sièges du groupe Total. Son centre technique et scientifique y fournit du travail à plus de 2 900 personnes.

L’entreprise n’est pas l’organisatrice, mais plutôt l’hôte, du sommet international « Marine Construction and Engineering Deepwater Development » mis sur pied par une société texane. Une sorte de grand-messe du forage en mer à laquelle participent des géants comme Shell, Exxol, Repsol, BP, etc.
Cela étant, tous les ingrédients sont réunis ces jours-ci au pied des Pyrénées pour voir deux thèses s’affronter.

« D’autres choix existent » Pour le collectif Action non violente-COP21, un « mouvement citoyen pour la justice climatique » qui s’oppose à la tenue du sommet et assure pouvoir mobiliser plusieurs centaines de militants pendant trois jours, la coupe est pleine.
« L’extraction et la combustion des énergies fossiles que sont le pétrole et le gaz sont à l’origine de 80 % des émissions mondiales de CO2 » rappelle-t-il. Selon lui, il importe donc de laisser désormais sous terre la majeure partie de ces ressources, et de se tourner vers d’autres énergies. Mais également vers d’autres manières de consommer. Faute de quoi, on ira droit vers « l’emballement irréversible et incontrôlable du climat ».

Sans parler des dégâts collatéraux. Car, comme  l’explique Olivier Dubuquoy, porte-parole du mouvement Nation Océan, les risques de pollution que présente l’exploitation offshore du pétrole sont particulièrement importants.
« L’océan constitue notre principale barrière contre le réchauffement climatique et on sait que l’on a dix ans pour gagner la bataille climatique. Il nous impérativement passer à d’autres sources d’énergie : marémotrice, solaire, éolienne, hydroélectricité. D’autant plus que nous maîtrisons ces technologies ».

Un demande mondiale en hausse Le groupe Total, qui a reçu récemment à Paris les opposants au sommet, développe un autre point de vue. Compte tenu de l’accroissement de la population et du niveau de vie,  « en 2035, la demande mondiale en énergie sera supérieure de 30% à ce qu’elle était en 2010 » dit-il. « Le pétrole et le gaz continueront d’être des ressources indispensables pour y répondre ».

Des manifestants déterminés. Le face à face a parfois été tendu avec les forces de l'ordre

«  Leur exploitation implique de relever des défis techniques, économiques et sociétaux importants » reconnait l’entreprise. Celle-ci souhaite toutefois  investir dans ce qu’elle considère comme deux « secteurs d’excellence » : le  pétrole offshore profond, dont les réserves sont estimées à 350 milliards de barils,  et le gaz naturel liquide.

Les écosolutions du pétrolier Total n’entendent pas pour autant se limiter à ces seules pistes. « La majorité des gaz à effet de serre issus du pétrole ou du gaz est liée au secteur du transport, de l’habitat et de l’industrie » souligne le groupe. C’est la raison pour laquelle, il a mis en place un programme d’écosolutions dont l’objectif est d’amener les industriels et le public à « consommer mieux et moins ». « Depuis plusieurs années, 80 labels ont été attribués par Total à des produits et services particulièrement performants ». Qu’il s’agisse de plastiques, résines, lubrifiants, carburants, solutions de lavage, panneaux photovoltaïques, fluides spéciaux, etc.

Pour faire bonne mesure, l’entreprise évoque enfin les recherches et investissements conséquents qu’elle mène dans le secteur de l’énergie solaire, via sa filiale Sunpower, tout comme dans la biomasse. Ce qui l’amènera à construire d’ici 2017 la plus importante bioraffinerie de France à La Mède, près de Marseille.

 « Pourquoi jouer aux apprentis sorciers ? »« C’est du greenwashing. Total, plus écologiste que les écologistes » ironise le porte-parole de Nation Océan, en rappelant que l’activité majeure du groupe pétrolier reste… le pétrole. Ce qui l’amène à juger « suicidaire » la vision de l’offshore développée par les industriels.

 « Plus on libère d’énergies fossiles, plus on libère de dioxyde de carbone qui a ensuite besoin d’être capté… C’est le double effet. Pourquoi jouer aux apprentis sorciers ?» renchérit Valérie, une Toulousaine venue rejoindre à Pau les opposants au sommet. D’autres militants dénonçant la duplicité d’un groupe pétrolier qui, déplorent-ils, assure à Paris ne pas pratiquer de forages dans l’Arctique, mais laisse ce soin à l’une de ses filiales pour conclure un contrat avec Gazprom.

L’urgence d’agirAccueillis par la communauté Emmaüs de Pau-Lescar, les anti-sommets  ont reçu le soutien de plusieurs organisations telles Les Amis de la Terre, Alternatiba, l’association basque Bizi !, Nation Ocean, 350.org, Surfrider Fondation, Europe Écologie les Verts, le parti occitan. Mais aussi la SEPANSO qui, dans un autre domaine, continue à ferrailler en Béarn pour déterminer l’origine de la pollution dont pâtit le bassin de Lacq.

« Notre démarche est citoyenne. Car , de plus en plus, les gens ont conscience qu’il y a urgence à agir » insistent-ils. Dans ce cadre, un camp baptisé « Sirène » a été installé ces jours derniers par ANV-COP21 à Emmaüs pour accueillir des conférences, mais ainsi que des formations à la désobéissance civile. Un principe étant affirmé en permanence : celui de la non-violence, avec pour référence les actions menées jadis par Gandhi et Martin Luther King.

Mardi, ce dernier a été mis à l’épreuve lors de la confrontation, parfois tendue, vécue avec les forces de l’ordre qui interdisaient l’accès au centre de congrès.  Ce qui n’a pas empêché trois militants, « habillés en congressistes », d’entrer dans le bâtiment et d’aller délivrer leur message sur scène.
Chaine humaine, concert…D’autres actions sont prévues dans les jours qui viennent.

Le site d’ANV-COP21http://anv-cop21.org
Total et le réchauffement climatique :   http://www.total.com/fr/tags/changement-climatique

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