Paul Pirot, le grand expert belge du royaume des champignons vient partager son expertise et savoir faire à Bordeaux

Une visite qui marque, par ailleurs, un grand pas dans la reconnaissance de l’activité de cette association, créée il y a à peine un an. Une association ayant essentiellement pour but de faire connaître le rôle des champignons dans l’écosystème. « On ne s’en rend pas forcément compte mais il faut savoir que les champignons servent à préserver l’équilibre et la survie même des végétaux » explique Michel Pujol, co-fondateur de l’association. Sans eux on pourrait par exemple être « envahis » par des plantes aux feuilles « d’épaisseur incommensurable » ou ne plus pouvoir admirer plusieurs arbres dont la survie dépend de l’apport en sels et minéraux venant précisément des champignons.

« Eboueurs », parasites et « copains »
On est loin cependant d’avoir épuisé leurs fonctions. Paul Pirot évoque trois catégories de champignons répondant à leurs trois rôles principaux. La première, ce sont les saprophytes s’occupant de la décomposition et du recyclage de la matière morte organique. « Ce sont les véritables éboueurs de la nature » précise M. Pirot. On compte aussi les parasites dont la mission est d’« éliminer les faibles » dans une nature qui « ne connaît pas de pitié ». Enfin la troisième catégorie comprend les symbiotiques, c’est-à-dire, selon M. Pirot, ceux qui font « copain/copain » avec un autre organisme vivant. Une forme de coexistence qui est ici mutuellement bénéfique étant donné qu’elle assure leur survie commune.

Un « mystère », « défi » et « paradis » pour les quatre sens
Mais aux yeux des humains, passionnés ou tout simplement amateurs de champignons, ceux-ci revêtent des qualités bien plus importantes. « Les champignons sont une source de sensations exceptionnelles aussi bien pour la vue, le toucher l’odorat que le goût ; un vrai paradis pour nos quatre sens » souligne M. Pirot. « On peut d’abord les valoriser pour leur côté esthétique, avec des couleurs et formes si variées et captivantes ». Le plus grand plaisir demeure dans le « défi » que les champignons semblent lancer à l’homme. « Ils sont un mystère, on pense les retrouver dans un an au même endroit, eh! bien non ; ils sont très capricieux, mais c’est dans leur nature de se cacher comme ça. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont appelés de ce fait « cryptogames » » précise M. Pirot. Il faut souligner enfin, que grâce aux champignons l’homme est plus proche de la nature. « Tout devient plus familier, on se rend compte que ce qui nous entoure ce sont aussi des êtres vivants qu’il faut respecter et admirer ».

Afin de sensibiliser notamment à ces questions, l’activité du CEMA se traduit par de nombreux partenariats avec des associations mycologiques françaises et étrangères, l’organisation de sorties et randonnées pour la cueillette et l’étude de champignons sur le terrain, ainsi que de nombreuses conférences et forums sur le sujet. La venue de Paul Pirot était de même l’occasion d’assister à sa conférence sur les différentes espèces du règne fungi à Madagascar, intitulée « si semblables mais si différentes ».

A Madagascar, les champignons « on connaît pas »
Que peut-on donc retenir des champignons du Madagascar ? « On n’en connaît rien » déclare M. Pirot, « même à Madagascar ». Tout le monde a, semble-t-il, « la tête en l’air » dans les parcs en regardant les différentes fleurs ou animaux poussant et vivant à une certaine hauteur dans les arbres. Il ne faut pas croire pour autant qu’il n’y en a pas. Mais, selon Paul Pirot, tant que la principale préoccupation des habitants sera de s’assurer d’avoirde quoi manger, la cueillette et l’étude des champignons ne demeurera qu’un luxe.

Piotr Czarzasty

Centre d’Etudes Mycologiques en Aquitaine (CEMA)
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