Prudence, écobuage en montagne : Les acteurs du territoire expliquent et préviennent


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/02/2018 PAR Solène MÉRIC

Pour les représentants des territoires de montagne, qu’ils soient éleveurs, élus, à l’image de Jean Lassalle, président de l’association départementale des maires de montagne, ou même Préfet du département: « il n’y a pas de pastoralisme sans écobuage, il n’y a pas non plus ces beaux paysages de montagne entretenus, sans écobuage. »

Les feux d’écobuage sont en effet utilisés dans les montagnes basque et béarnaise pour entretenir les pâturages d’estives et de landes. Ils permettent de contrôler le développement des fougères, ajoncs, genêts et autres bruyères tout en favorisant, grâce aux cendres, la repousse de nombreuses plantes qui seront pâturées. Cette pratique permet donc à la fois d’offrir au bétail, un pâturage de qualité mais aussi d’entretenir les paysages ouverts (donc accessibles) de ces territoires. « C’est aussi grâce à l’écobuage régulier que nous n’avons pas d’incendie en été dans nos zones de montagne, contrairement au Sud-Est de la France où, l’écobuage, principalement par manque d’éleveurs n’est plus que très peu pratiqué. », ajoute Sébastien Uthurriague, le président du comité d’orientations Montagne de la Chambre d’agriculture 64, appuyé dans ses propos par le Président de l’organisation consulaire agricole, Guy Estrade.

« Un travail très technique, qui est fait de manière responsable et maîtrisée »

Jean Lassale, Président de l'association départementales des maires de montagne et le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Gilbert Payet

Mais pour autant, cette activité est « une activité à risques », souligne Gilbert Payet, le Préfet des Pyrénées-Atlantiques. « Le principe reste celui de l’interdiction d’incinération de végétaux et de déchets verts, mais l’écobuage déroge à cette interdiction grâce à une procédure d’autorisation spécifique », souligne-t-il. Sur la période légale de l’écobuage du 31 octobre au 31 mars, celui-ci est encadrée par un arrêté préfectoral et soumis à autorisation du maire de la commune concernée et information auprès des sapeurs pompiers.
En outre, il a également été développé une « logique collective » autour la pratique, avec notamment la mise en place de Commissions locales d’écobuage sur les territoires. « Celles-ci permettent non seulement de mobiliser l’ensemble des acteurs ( y compris ONF, sapeurs pompiers, gendarmerie, ndlr) mais aussi de définir ensemble les zones précises où se feront les écobuages, de préparer les chantiers à l’avance, comme par exemple le débroussaillage autour d’un poteau téléphonique, le positionnement de l’eau, ainsi que de prévoir où seront posés les panneaux jaunes avertissant d’un écobuage en cours », précise Cécile Aguerre, responsable pastoralisme à la chambre d’agriculture. « C’est un travail très technique, qui est fait de manière responsable et maîtrisée », insiste Sébastien Uthurriargue au coté des autres intervenants.
« Il y a d’ailleurs très peu de dépassement : environ 200 ha, sur 15 00 ha brûlés en moyenne chaque année, et, dans le département, moins de 1% des sorties de pompiers sont liés à cet écobuage autorisés », précise Guy Estrade. Une procédure d’autorisation et de vigilance dont chaque acteur a su prendre le pli. En effet près de 95% des écobuages sont des écobuages autorisés, « ce qui ne nous empêche pas d’être vigilants et sévères contre les écobuages sauvages », pointe Gilbert Payet.

Eviter les imprudences et pouvoir anticiper les sorties en montagne
Si les mesures sont donc prises tant réglementairement que techniquement parlant, pour réduire les risques, il reste que l’écobuage peut présenter un danger pour les usagers non éleveurs de la montagne, qui sont de plus en plus nombreux à aimer y randonner par exemple. « Un large groupe de travail s’est mis en place cet hiver pour élaborer des outils de communication permettant d’une part, de diffuser des consigne de sécurité, visant à éviter les imprudences par manque de connaissance, et d’autre part de permettre aux pratiquants de loisir de la montagne de pouvoir anticiper leurs sorties, en les informant des possibilités d’écobuages à venir. », synthétise Cécile Aguerre, en charge du projet.
Pour ce faire, deux outils ont ainsi été développés. Des flyers, édités à 30 000 exemplaires, et des affiches destinées à tous les offices de tourisme et mairies de montagne, ainsi qu’aux grosses agglomérations, visent à sensibiliser aux risques en période de feux d’écobuage, ainsi qu’aux consignes de sécurité à connaître, tant avant de partir, qu’en cas de situation d’urgence, si le promeneur se trouve pris dans un feu d’écobuage.
L’autre outil auquel renvoient également ces affiches et flyers, est le site www.j’aimel’agriculture64.fr (site de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques), qui abrite désormais sur sa page d’accueil un site internet dédié à l’écobuage et à la préparation de ses sorties en montagne. Là encore, des conseils de prévention, des explications sur l’écobuage, et une carte des écobuages autorisés, en cours, réalisés ou à venir. Mais ceux-ci étant administrativement autorisés par le Maire le jour J à 10H du matin, (ce qui est tard pour les départs en randonnées) , la carte est complétée par un bulletin de vigilance, permettant d’évaluer la probabilité de rencontrer un écobuage lors de la sortie. Un bulletin nourrit par les informations des acteurs locaux connaissant les demandes d’autorisation, combinées aux conditions météo du jour, dont dépendent fortement la mise à feu ou non.

Le site dédié aux écobuages et à la préparation des sortie en montagne


En moyenne on compte 9 jours d’écobuage par an, à l’exception de l’année 2017 qui en avait compté 40, en raison d’une météo particulièrement défavorable les 3 années précédentes. Des journées qui peuvent, lorsqu’elles sont particulièrement intenses, compter jusqu’à 200 allumages de feux autorisés. Autant de raison de jouer la prudence pour les promeneurs. 
Pour l’heure, en 2018, en raison d’un temps trop humide, aucun feu d’écobuage n’a encore été réalisé dans le département.

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